Point final n Un coup de tête rageur en lieu et place d'adieux en apothéose annoncés par une insolente Paninka. Zidane assène un coup de tête à Materazzi au torse. 108', en pleines prolongations, les deux hommes s'affrontent sur une balle. Rien de plus normal. S'ensuit alors un petit tête-à-tête comme dans n'importe quel match. Zizou revient pour prendre sa position au milieu du terrain. Materazzi marche doucement derrière lui et sur la vidéo, on remarque les lèvres de l'Italien murmurer quelques mots. Là, le légendaire numéro 10 se retourne violemment. Et c'est cette même vidéo qui va permettre à l'arbitre argentin de brandir le carton rouge. Zidane ne bronche pas. Il sort la tête basse sous quelques applaudissements et rentre au vestiaire en passant juste devant le trophée en or massif. Il était si aveuglé par la rage qu'il n'avait guère de force pour pouvoir jeter ne serait-ce un petit et doux regard sur le beau bijou. Materazzi lui a dit des mots. Lesquels ? Zidane garde le silence, lui qui parle des fois italien avec son fils Luca. Tout le monde a parlé et a commenté sauf lui. Lui le seul à avoir entendu des mots qui blessent. Au moment où ses équipiers recevaient leur médaille de vaincus, il était cloîtré dans son univers. Le silence d'un guerrier blessé sans doute dans son honneur. C'était bel et bien fini. Personne, jusqu'à l'heure, ne sait ce que le défenseur italien a dit à Zidane pour que ce dernier s'emporte, mais la presse anglaise, à la page quand il s'agit de fouiner dans le détail, a tenté de présenter ce matin sa propre version. Pour The Independent, Zizou, qui est sorti du stade sans s'exprimer, aurait pu être insulté sur son origine algérienne. The Guardian, quant à lui, cite des «suggestions» selon lesquelles le défenseur italien aurait traité le meneur de jeu français de «terroriste». Un troisième journal, The Times en l'occurrence, s'est attardé en revanche sur le «côté psychologique» du coup de tête «de folie» de Zidane. «Né et élevé dans les HLM de Marseille, Zidane est un emblème de la réussite française, mais (...) il rappelle aussi à la France son échec à intégrer les enfants des immigrants de ses anciennes colonies», commentait le journal. Le «Kaiser» Beckenbauer, l'un des monuments du football, pense, lui, que Materazzi, au physique de déménageur, a forcément dit quelques mots dignes de la «commedia dell' arte».