Le coup de tête du Franco-Algérien en finale de Coupe du monde a même éclipsé la victoire de l'Italie. Alors que l'Italie célébrait ses héros, le reste du monde se focalisait sur ce qui est considéré comme «l'incident» de cette Coupe du monde, à savoir le coup de tête de Zineddine Zidane au défenseur italien Marco Materazzi qui a conduit l'arbitre de la finale à brandir le carton rouge au Franco-Algérien lui signifiant son exclusion du terrain. Celle-ci a pratiquement mis en veilleuse la victoire des Transalpins et la fête que leur a réservée toute la population de la péninsule. La presse internationale semble partagée dans la condamnation du geste de Zineddine mais elle est unanime à reconnaître que le joueur italien est loin d'être exempt de reproches pour avoir très certainement dit des choses malveillantes au Franco-Algérien. On retiendra que pendant que le président de la République française, M.Jacques Chirac, faisait part de «l'admiration et de l'affection de tout le pays à Zineddine Zidane», la presse française, parisienne et régionale, a jugé très sévèrement le geste du capitaine de l'équipe de France. Ainsi, en est-il du quotidien sportif l'Equipe, qui a battu des records en matière de tirage lors de ce Mondial. Le «plus difficile n'est pas d'essayer de comprendre pourquoi les Bleus (...) ont perdu une finale de Coupe du monde à leur portée» mais «d'expliquer à des dizaines de millions d'enfants, à travers le monde, comment vous avez pu vous laisser aller à asséner ce coup de tête à Marco Materazzi» est-il écrit en s'adressant à Zidane. «Le pays perd une star sans gagner une étoile» indique, pour sa part Libération alors que Le Figaro parle, lui, de «l'ultime et odieux coup de tête», une «inadmissible vengeance» qui “gâche la sortie et l'image” de Zineddine Zidane. «On était sans voix devant une telle bêtise», ajoute-t-il. La presse française, qui ne cherche jamais à blâmer Materazzi, semble rejoindre le député de droite Philippe de Villiers, connu pour ses penchants racistes, pour qui «le geste de Zidane est inexcusable. Il devrait aller s'excuser auprès de Materazzi». Hier matin, subitement, cette presse française a décidé de rectifier le tir s'étant, peut-être, aperçue qu'elle était partie trop loin dans les critiques envers un homme qu'elle-même avait supplié de revenir pour sauver l'équipe de France du naufrage pour lequel elle était promise lors de la phase de qualification pour la Coupe du monde. «On t'a compris, Zizou!», a, ainsi, souligné France Soir qui qualifie Marco Materazzi de «honte du football italien». La presse arabe très sévère De son côté, la presse arabe également n'a pas été tendre avec le Franco-Algérien. «La Coupe italienne, le coup de tête barbare», titre en une le koweïtien Al-Watan. «La Coupe aux Italiens, c'est la faute à Zidane», titre, pour sa part, en une le koweïtien Al-Raï al-Aam. «La nuit où Zidane et Trezeguet ont fait pleurer tous les Français», lit-on, enfin, en première page du quotidien saoudien Al-Watan. Pour ce qui est de la presse russe, elle s'interroge sur ce qui a pu mettre Zidane dans une telle colère. «Qu'est-ce que Materazzi a dit à Zidane?», demande, en une, Sport Express. «Seules deux personnes le savent, répond en pages intérieures le quotidien: Zidane et Materazzi». Quant à la presse britannique elle recourt aux experts en lecture labiale pour comprendre ce que Materazzi a dit à Zidane. Par ce truchement, elle affirme que le défenseur italien aurait traité Zizou de «fils de pute terroriste». Le Times a ainsi fait appel à Jessica Rees, l'experte la plus reconnue en la matière au Royaume-Uni, avec 36 ans de travail auprès de la justice et de la police. Première étudiante totalement sourde à avoir été acceptée à l'université d'Oxford, Mme Rees a décrypté les propos de Marco Materazzi en italien grâce aux images des télévisions. Puis ceux-ci ont été traduits en anglais par des interprètes. Et pour elle, comme pour les experts en lecture labiale, non identifiés, recrutés par le Sun et le Daily Mail, ces propos sont clairs. Alors que Zidane s'éloignait, le joueur italien lui aurait dit: «On sait tous que tu es le fils d'une pute terroriste». Puis, histoire de conclure, il aurait conseillé à Zidane, toujours en italien, «d'aller se faire enc...». Dans ce registre Zizou reçoit l'appui de la presse roumaine. Titrant aussi en une «Terroriste», le grand quotidien Evenimentul Zilei considère que «l'insulte de Materazzi a rendu fou Zidane», en reprenant également les insultes que le défenseur italien aurait lancées à l'encontre de la mère et la soeur du capitaine français, citées par la presse internationale. Même son de cloche pour le quotidien populaire Libertatea qui fait aussi sa une sur «l'explication possible du geste de Zidane», en titrant: «Il a été traité de terroriste algérien». En tout cas, malgré tous les propos défavorables qui ont été rapportés à son sujet, Zidane conserve la confiance de ses parraineurs au premier rang desquels l'équipementier Adidas. Chez ce dernier on a même annoncé lundi le lancement le 15 juillet d'un site internet (www.mercizidane.fr) pour inviter les Français à «remercier ce Monsieur du football français» à travers des témoignages écrits mais aussi des vidéos. «En aucun cas cela change notre relation, nous sommes liés depuis 1996 et jusqu'en 2017», a indiqué Emmanuelle Gaye, directrice commerciale de l'équipementier sportif, précisant que «plus de 85% des maillots floqués vendus en France portent le nom Zidane». Même son de cloche chez France Télécom (contrat avec l'opérateur Orange). «Evidemment il y a eu le geste et nous le regrettons, mais cela ne change rien, a concédé un porte-parole de France Télécom, rappelant que le partenariat avec Zidane remonte à 2002 et a été renouvelé en mai dernier pour quelques années». Pour notre patron, M.Zidane a montré les valeurs morales et la droiture durant toute sa carrière, a-t-il ajouté, assurant qu'il n'avait jamais été question de modifier les pages publicitaires parues dans les quotidiens au lendemain de la finale perdue contre l'Italie car «on voulait lui dire merci». Même l'assureur italien Generali se garde de vouloir changer quoi que ce soit. «Ce n'est pas de nature à changer notre partenariat», a déclaré Marie-Christine Lanne, directrice commerciale de Generali France, l'assureur italien avec lequel Zidane est en contrat en «2006, 2007 et 2008». «Zineddine Zidane reste Zineddine Zidane, un immense champion, une figure emblématique à qui l'on doit ce magnifique parcours en Coupe du monde», a-t-elle insisté. «Un très grand Monsieur qui a beaucoup apporté au sport français». La version de Materazzi En attendant, on ne sait pas, officiellement, ce qui s'est dit entre les deux joueurs dimanche soir, Zidane, selon son agent s'exprimera dans le prochains jours sur le sujet. Quant à Materazzi, il a déjà parlé puisqu'il a été interviewé sur cela par des journaux italiens. Zineddine Zidane a été «super arrogant» et «je l'ai insulté», a reconnu Marco Materazzi. «J'ai tenu son maillot pendant quelques secondes seulement, il s'est tourné vers moi, il m'a parlé en raillant, il m'a regardé avec super arrogance, de haut en bas: ´´Si vraiment tu veux mon maillot, je te le donnerai après´´. Je lui ai répondu avec une insulte, c'est vrai», a raconté Materazzi, selon la presse italienne. Interrogé si l'insulte visait la soeur de Zidane, comme l'ont affirmé certains médias, Marco Materazzi a précisé: «Une insulte de celles qu'on s'entend dire des dizaines de fois et qui nous échappent souvent sur le terrain». «Ce qui est sûr c'est que je ne l'ai pas traité de terroriste: je ne suis pas cultivé et je ne sais même pas ce que c'est un terroriste islamiste et ma seule terroriste c'est elle...», a dit Materazzi au journaliste en se tournant vers sa fille de 10 mois, dormant à ses côtés dans l'avion qui a ramené l'équipe italienne à la maison. «Je n'ai certainement pas mis en cause non plus la maman de Zidane, pour moi, la maman est sacrée», a ajouté le joueur de l'Inter Milan. La presse italienne rappelle que Marco Materazzi est coutumier des provocations et des bagarres. En février 2004, au cours d'un match contre Sienne, Materazzi a passé la seconde mi-temps à irriter le défenseur Bruno Cirillo qu'il traitait de “stupide” depuis le banc de touche. A la fin de la partie, Cirillo se rapprocha en courant de Materazzi qui l'expédia au tapis d'un coup de poing au visage, écrit La Stampa, le quotidien du groupe Fiat. Il aurait énervé d'autres joueurs encore en se moquant d'eux «et les adversaires se plaignent souvent de son jeu violent», conclut La Stampa. On terminera en indiquant que la Fifa va ouvrir une enquête disciplinaire à l'encontre de Zineddine Zidane a annoncé mardi la Fédération internationale de football. «Une procédure disciplinaire sera ouverte contre le joueur Zidane», a indiqué la Fifa dans un communiqué, précisant qu'elle «s'attachera à faire le jour sur les circonstances précises de cet incident».