Preuve Depuis mardi, le camion du défunt Abdelkader est étroitement surveillé et protégé par les habitants. Ce mercredi matin, toutes les femmes du village ont observé un sit-in devant le siège de la wilaya de Boumerdès pour réclamer justice et contraindre les autorités à prendre sérieusement l?affaire en main. «Nous appréhendons qu?elle soit étouffée et jetée aux oubliettes.» Une délégation de femmes, à laquelle se sont joints des hommes, s?est ensuite constituée pour rencontrer le wali. A l?heure où nous mettions sous presse, la délégation était reçue par le wali. Elle devait lui soumettre les revendications des Ould Amri. Ces derniers exigent une commission indépendante de la présidence pour procéder à l?enquête judiciaire ainsi que le départ définitif des policiers de leur bourgade. «Qu?ils ne remettent plus les pieds chez nous. Nous sommes tous des Patriotes. Nous pouvons assurer notre défense», déclare un proche parent de Abdelkader, en ajoutant : «Si on refuse de nous entendre, nous bloquerons la route. Nous sommes des gens pacifistes et nous observerons des protestations pacifistes.» Depuis la mort de Abdelkader, qu?ils appellent désormais le «martyr de Draâ Ezmam», les camions sont à l?arrêt, aucun des transporteurs n?ose s?aventurer la nuit, le choc est encore là. «Nous voulons êtres sécurisés. Nous appréhendons un autre drame.» «C?est la mafia du sable qui a tué notre fils et nous ne nous tairons pas. Nos routes resteront fermées à jamais pour ces brigands !» Depuis hier, les 19 camions des Ould Amri entourent le camion de Abdelkader, nul ne doit approcher cette unique preuve de la tragédie. «Hier, des policiers sont venus le prendre. Nous nous y sommes opposés. Ils ont voulu nous effrayer avec des tirs de sommation, mais cela a provoqué les 400 jeunes qui étaient là et qui ont répondu avec des jets de pierres.» Les jeunes visiblement en colère n?ont pas épargné les Nissan ou le véhicule de dépannage, car il fallait sauver le camion de Abdelkader. «Ils risquent de camoufler l?affaire.» Le procureur général a réclamé quatre témoins, des voisins qui ont assisté, à partir de leurs demeures, au drame, et qui se sont proposés.