Cette question très sensible semble enfin intéresser les spécialistes en Algérie et il faut espérer qu'elle trouvera sa place dans le débat national. Les médecins ont l'air de gérer la question, tout comme l'ensemble de leurs rapports avec leurs malades, au «pifomètre», selon le caractère et l'humeur de chacun. Les conséquences sont parfois désastreuses. Ailleurs, en Occident particulièrement, le médecin est tenu de dire la vérité au malade sous peine d'être poursuivi en justice. En Algérie, le débat sur la question vient juste de commencer. Dans ce sens, le service de psychiatrie de l'hôpital Frantz-Fanon de Blida a organisé, il y a quelques semaines, une rencontre internationale sous le thème : «Faut-il dire la vérité au malade ?» Pour les partisans de la vérité, à l'instar du professeur Saari du centre anticancereux de l'hôpital Frantz Fanon, il faut dire la vérité tout en respectant l'éthique, la déontologie et la loi. Comment le faire ? Avec beaucoup d'humanité et de savoir-faire, en faisant naître de l'espoir chez le malade. Un espoir qui lui permet de bien vivre ce qui lui reste à vivre dans le confort et la dignité. En revanche, les partisans de «cacher la vérité» ou de ne pas dire la vérité nue et sèche, à l'instar du docteur Hamid Oukali, maître assistant en psychiatrie dans le même hôpital, expliquent leur attitude par les conséquences qu'engendre la vérité : aggravation de l'état de santé du malade et provocation d'une dépression sévère. Les malades, quant à eux, veulent, pour la plupart, entendre la vérité, mais à condition d'être préparés à accepter leur maladie.