Il faut supposer que l'activité consciente se poursuit dans le sommeil. Mieux, les capacités intellectuelles ou artistiques, débarrassées des entraves de l'état de veille et des perturbations auxquelles elles sont soumises constamment, y trouve un terrain d'expression. L'histoire abonde de récits d'écrivains, d'artistes, de savants ayant trouvé l'inspiration dans le rêve. Ainsi, Robert Louis Stevenson, l'auteur du célèbre roman L'Ile au trésor, prétend qu'il était constamment «en correspondance» avec le rêve, notamment quand il manquait d'inspiration. C'est ainsi qu'un de ses chefs-d'œuvre, Docteur Jekyll et Mister Hyde, lui aurait été dicté dans un rêve. Avant de s'endormir, il avait formulé le souhait de trouver une belle histoire qui illustre la double nature de l'homme. Il rêve alors d'un personnage, bien intégré dans la société qui, par moments, se transforme en monstre. Un autre Anglais, le poète Taylor Coleridge, trouvait également son inspiration dans le rêve. Un soir, avant de se mettre au lit, il relit le dernier vers qu'il a écrit. Il se voit alors en rêve, récitant la suite du poème. Au réveil, encore sous l'influence du rêve, il rédige trois cents vers d'un coup. Epuisé, il s'arrête pour se reposer. Et quand, deux heures après, il veut reprendre la plume, il a oublié le reste des vers entendus en rêve. Qu'importe, le poème qu'il a composé, ce jour-là, Kubla Khan, est l'un des plus connus de la littérature anglaise. Le rêve a encore résolu des énigmes scientifiques. L'assyriologue américain Herman Volrath Hilprecht ne parvenait pas à déchiffrer les messages figurant sur deux fragments d'agate. Un soir, il voit en rêve un prêtre babylonien qui lui dit que les deux fragments formaient à l'origine un seul message. Il les réunit et parvient à déchiffrer le message.