Un décret vient mettre de l'ordre dans les activités des bureaux privés de recrutement, lesquels ont pour la plupart travaillé jusque-là dans l'opacité et l'improvisation. Ce décret détermine les conditions et les modalités d'octroi et de retrait de leur agrément. Longtemps décriées par, notamment les populations du Sud du pays, pour les modalités de recrutement, se basant sur le favoritisme, le népotisme et l'exploitation inhumaine de la main-d'œuvre, les agences privées de recrutement, jouant le rôle d'intermédiaire entre, particulièrement, les multinationales et les demandeurs d'emplois, ayant fonctionné parfois en transgression de la loi, seront régularisées. À cet effet, le décret adopté, hier, par le Conseil de gouvernement a fixé le cahier des charges-type relatif à l'exercice du service public de placement des travailleurs. Pris en application des dispositions de la loi de décembre 2004 relative au placement des travailleurs et au contrôle de l'emploi, le projet de décret vise, selon un communiqué du Conseil de gouvernement, à organiser le dispositif et les procédures à même de permettre à ces organismes privés d'exercer leurs activités dans un cadre juridique axé sur les critères d'efficacité, de transparence et de complémentarité avec le service public de l'emploi. À ce titre, ajoute le communiqué, une commission intersectorielle fixe les modalités d'octroi de l'agrément à toute personne physique ou morale domiciliée en Algérie, désirant activer dans le domaine du placement des travailleurs. Par ailleurs, le texte précise les procédures de contrôle des agences privées de placement ainsi que celles liées au retrait de l'agrément en cas, notamment, de non-respect des clauses contenues dans le cahier des charges-type annexé au projet de décret. Ce décret pourra-t-il enfin venir à bout du règne des «négriers» ? Un règne qui a provoqué en 2004 des émeutes dans le Sud du pays, notamment à Ouargla où des jeunes avaient tout incendié sur leur passage. Des jeunes vivant dans la misère alors qu'ils résident à quelques kilomètres seulement des puits de pétrole. Le président de la République et son Chef du gouvernement de l'époque, Ahmed Ouyahia, avaient mis à l'index les coupables à l'origine du mécontentement des jeunes de Ouargla : les responsables des agences d'intérim. Pour calmer la colère juvénile, le Président Bouteflika, par la voix du Chef du gouvernement, avait décidé du gel immédiat des activités de ces entreprises et l'envoi de représentants de la direction nationale de l'emploi et de l'inspection du travail pour veiller à l'instauration d'une plus grande équité et la transparence dans le recrutement. Près de trois ans après, et malgré les instructions gouvernementales, aucun de ces «négriers» n'a été traduit devant les tribunaux. Par contre, des jeunes émeutiers ont été incarcérés dans les prisons du sud du pays. Le nouveau décret sera-t-il appliqué sur le terrain? L'avenir nous le dira.