Dans la tradition oniromantique musulmane, le corps occupe également une place centrale. Il est non seulement le siège de différents sentiments, mais aussi l'annonciateur d'événements importants pour le rêveur ou son entourage. Comme chez les psychologues modernes, le corps est le reflet de la personnalité, tout ce qui l'atteint, atteint celle-ci. Dans les traités de rêves, quand on parle du corps en général, on invoque les infirmités ou les défauts, mais aussi l'état général. Comment se voit le rêveur ? Ce n'est pas, en effet, le corps tel qu'il est réellement à l'état de veille qui intéresse, mais les augmentations ou les diminutions qu'il subit, les enlaidissements ou les embellissements... Nous étudierons, dans les articles suivants, consacrés aux parties les plus importantes du corps, le symbolisme des organes, évoquons seulement ici la peau, djild, qui est ce qui donne une consistance, un djisme, mot signifiant à la fois «corps», «consistance» et «volume». Dans Le grand Livre des rêves, attribué à Ibn Sîrîn, on lit : «La peau de l'être humain est la couverture de son intimité», intimité étant non seulement ce qui est le plus en dedans, ce qui est dans le cœur, mais la personnalité, ce que l'on expose aux regards des autres. Ainsi le visage dont on voit la peau crispée ou noircie annonce, selon les interprètes musulmans, la naissance d'une fille, car la crispation ou le noircissement sont les formes que prennent la peau de l'homme quand on lui annonce la naissance d'une fille !