7. Comment est la montagne de Qâf, où est-elle et pourquoi Dieu l'a-t-il créée ? Le Prophète dit : Dieu a créé la montagne de Qâf tout autour de la terre. On la nomme le pieu de la terre, comme il est dit dans le Coran : «Les montagnes sont des pieux» (Sur. LXXVIII. vers. 7). Ce monde est au milieu de la montagne de Qâf et il y est comme le doigt est au milieu de l'anneau. Cette montagne est couleur d'émeraude et bleue. Aucun homme ne peut y arriver, parce qu'il faudrait pour cela passer quatre mois dans les ténèbres. Il n'y a dans cette montagne, ni soleil, ni lune, ni étoiles, et elle est tellement bleue que la couleur azurée que tu vois au ciel vient de l'éclat de la montagne de Qâf qui se réfléchit sur le ciel, et il paraît de cette couleur. Si cela n'était pas ainsi, le ciel ne serait pas bleu. Toutes les montagnes que tu vois dans le monde tiennent à la montagne de Qâf. Sache que, si la montagne de Qâf n'existait point, toute la terre tremblerait sans cesse, et les créatures ne pourraient point vivre sur elle. 8. Où sont Djâboulqâ et Djâboulsâ ? Que sont-ils ? Les créatures qui habitent ces pays, quelle espèce d'hommes sont-elles ? Quelle religion suivent-elles ? Quand paraîtront-elles ? Quels sont leur forme, leur caractère, leur nourriture. et comment sont-elles ? Voici ce que le Prophète répondit au sujet de Djâboulqâ et de Djâboulsâ : Ce sont deux villes, l'une à l'Orient, et l'autre à l'Occident : on nomme Djâboulqâ celle qui est à l'Orient, et Djâboulsâ celle qui est à l'Occident. Ces villes sont d'émeraude, et toutes les deux tiennent à la montagne de Qâf, elles ont chacune douze mille parasanges de long sur douze mille parasanges de large. Le prince des croyants, 'Ali fils d'Abou-Tâlib, se trouvait en présence du Prophète avec les Juifs qui étaient venus de Khaïbar, de Fadak et ceux des Banî-Qoraïdza qui étaient venus avec Abou-Djahl et Walîd-Ibn-Moghîra, pour voir si ce que le Prophète dirait serait d'accord ou non avec le Pentateuque et les traditions. 'Alî dit : Ô Apôtre de Dieu, ces villes sont-elles dans le monde que nous habitons ? Le Prophète répondit : Ces deux villes sont situées dans les ténèbres et contiguës à la montagne de Qâf. 'Alî demanda : Combien y a-t-il d'habitants en ce lieu-là ? Le Prophète dit : Chacune de ces villes a mille forteresses et dans chacune de ces forteresses, il y a une garnison de mille hommes qui y montent la garde chaque nuit. Le tour de l'homme qui a une fois monté la garde ne revient plus que l'année suivante. 'Alî demanda : Pourquoi faut-il qu'une si grande quantité de monde soit de garde en ce lieu-là ? Le Prophète répondit : c'est parce qu'il y a de ces côtés-là une grande quantité de gens qui appartiennent à ces peuples que l'on nomme Thâris et Tâqïj, ils sont ennemis de Djâboulqâ et de Djâboulsâ, Ils sont incessamment, nuit et jour, en guerre avec ces deux villes et combattent contre elles : c'est à cause de ces peuples que l'on a ces gardes et ces sentinelles. 'Ali fils d'Abou-Tâlib demanda : Les habitants de Djâboulqâ et Djâboulsâ font-ils partie des enfants d'Adam ? Le Prophète répondit : Ils ne connaissent pas même Adam. 'Alî demanda : Le diable a-t-il pénétré chez eux ? Mohammad répondit : Ils ne le connaissent pas non plus. 'Alî demanda : Comment donc voient-ils clair ? Mohammad répondit : La lumière leur vient de la montagne de Qâf. et leurs murailles, leurs pierres et leur poussière sont toutes comme une lumière qui brille. 'Alî demanda : Ô Apôtre de Dieu, que mangent-ils ? Mohammad répondit : Des herbes qui poussent de la terre. 'Alî demanda : De quoi se vêtent-ils ? Le Prophète répondit : Ils n'ont pas besoin de se couvrir le corps de vêtements. 'Ali reprit : Ce sont donc des anges ? Mohammad répondit : Non, mais leur obéissance à Dieu est semblable à celle des anges. 'Alî demanda : Ont-ils des enfants ? Le Prophète répondit : Ils ne désirent point en avoir, parce qu'ils sont tous mâles et qu'ils n'ont point de femelles. 'Alî demanda : Sont-ils du nombre des élus ou de celui des réprouvés ? Le Prophète répondit : Ils sont du nombre des élus, parce qu'ils suivent la religion et la loi, et qu'ils professent l'islam. Dans la nuit du Mi'râdj. lorsque Gabriel m'eut porté au ciel, il me mena ensuite vers ces peuples. Je leur offris l'islam ; ils crurent en moi et en Dieu ; j'établis sur eux un calife de leur propre nation et je leur enseignai l'islam. Gabriel me conduisit ensuite vers Thâris et Tâqîl, et vers Gog et Magog, ils furent infidèles et n'acceptèrent pas l'islam. Ensuite, 'Alî demanda : Ô Apôtre de Dieu, quelqu'un d'entre les hommes peut-il arriver à ce lieu-là ? Le Prophète répondit : Aucun des hommes n'a la force d'aller vers ces peuples parce qu'il faudrait marcher quatre mois dans les ténèbres. Cependant, au temps du prophète Houd, trois hommes d'entre les 'Âdites fuirent leur peuple, se firent musulmans, crurent au prophète Houd, et arrivèrent à ces villes. Quelques personnes prétendent que Djâboulqâ et Djâboulsâ sont en deçà du lieu où se couche le soleil. On dit aussi que si ce n'était le bruit et le tumulte de ces deux villes, les habitants de la terre entendraient le lever et le coucher du soleil : mais cela n'est point vrai; et si cela était on aurait dans ce monde plus de renseignements sur ces deux villes qu'on en a effectivement, et quelques personnes les auraient visitées. On les connaîtrait comme Gog et Magog et la muraille de Dsou'l-Qarnaïn qui a été vue par plusieurs personnes. On dit aussi que Dsou'l-Qarnaïn resta deux mois dans les ténèbres, en voulant aller à ces deux villes ; il n'y arriva pas, parce qu'il lui aurait fallu marcher deux autres mois dans les ténèbres pour y arriver, et cela est une histoire merveilleuse. Lorsque les Juifs de Médine entendirent ces histoires, ils dirent : Nous avons trouvé la même chose dans le Pentateuque. Ces trois hommes qui fuirent le peuple d''Âd, arrivèrent à Djâboulqâ et Djâboulsâ, et ils y demeurèrent. Tourmentés par le peuple de Fîd, ils voulurent s'enfuir ; mais ils ne le purent pas, car ce peuple avait plus de force qu'eux. (à suivre...)