Distinction n Le film Ezra, sur la guerre civile au Sierra Leone du réalisateur nigérian Newton Aduaka, a reçu samedi l'Etalon d'or de Yennenga, la plus importante récompense du XXe Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Bien que son auteur n'aime pas la comparaison avec la superproduction hollywoodienne Blood Diamond, ce film évoque les enfants-soldats et le trafic de diamants en Afrique de l'Ouest. Ezra est un adolescent qui tente péniblement de retrouver une vie normale après avoir été enlevé à l'âge de 7 ans par des rebelles sierra-léonais qui l'ont utilisé comme soldat au cours de la guerre civile particulièrement cruelle qui a fait, de 1991 à 2001, quelque 200 000 morts. L'Etalon d'or, asssorti d'un chèque de 10 millions de francs CFA (15 245 euros), a été remis à Newton Aduaka par le président burkinabé Blaise Compaoré. Il a été décerné à Ezra par le jury «pour son actualité et la pertinence de son propos». «J'espère que ce film va donner de l'espoir», a déclaré le cinéaste nigérian en recevant le prix. «J'essaye d'être utile, ce n'est pas juste de l'art pour l'art», a-t-il expliqué. «Ce dont j'essaie de parler concerne tout le monde, c'est un film sur les effets de la guerre». L'Etalon d'argent (5 millions FCFA) est allé au long-métrage Les Saignantes, du cinéaste camerounais Jean-Pierre Békolo. Film noir et surprenant, Les Saignantes raconte l'histoire d'une fille qui, en 2025, couche avec un dignitaire de son pays dans l'espoir d'en retirer un profit, quand celui-ci meurt. Le jeune Majolie et sa meilleure amie (incarnées à l'écran par Adèle Ado et Calmel Dorelia, prix ex-aequo de la meilleure interprétation féminine) vont devoir se débarrasser du cadavre, dans une ambiance très glauque... Le film Daratt du Tchadien Mahamat-Saleh Haroun, prix spécial du jury du dernier festival de Venise en septembre, a remporté l'Etalon de bronze (2,5 millions FCFA), le prix spécial de l'Union européenne (5 millions FCFA) et celui pour la meilleure image. Barakat ! de la réalisatrice algérienne Djamila Sahraoui a également séduit le jury et se voit attribuer les prix de la première oeuvre, de la meilleure musique et du meilleur scénario. Le meilleur acteur est Lotfi Embelli dans Making off, du Tunisien Nouri Bouzid, également primé pour le montage. Enfin, le prix du meilleur son va à L'Ombre de Liberty du Gabonais Imunga Ivanga et celui du meilleur décor à Africa Paradis du Béninois Sylvestre Amoussou. Le prix Radio France internationale (RFI) du public est quant à lui décerné à une autre première oeuvre, Il va pleuvoir sur Conakry, du cinéaste guinéen Cheikh Fantamadi Camara. L'affiche de cette XXe édition du Fespaco, qui s'était ouverte le 24 février, comportait 207 films toutes catégories confondues – contre 170 en 2005 –, dont plus de 80 œuvres de la sélection officielle, prétendant à la vingtaine de prix décernés par le festival.