Exception n Une femme à la tête d'une entreprise de travaux d'électricité ! Beaucoup auront du mal à l'imaginer, encore moins à le croire. Et pourtant, cela existe bel et bien ! Licenciée en électronique, Fatma a longtemps travaillé dans une entreprise publique basée à Tizi Ouzou. «C'était ma première expérience professionnelle, mon premier contact avec le monde du travail.» En raison des problèmes dans lesquels se débattait son organisme employeur, Fatma, à l'instar de beaucoup d'autres travailleurs d'ailleurs, s'est retrouvé au chômage. Sa quête d'un nouveau travail s'étant avérée vaine, son mari lui donne alors une idée bien originale : créer sa propre entreprise ! «J'avoue que je n'avais pas pensé à cela», reconnaît-elle. Forte de sa formation en électronique, Fatma décide ainsi d'investir dans l'électricité : «Je ne suis ni couturière pour me lancer dans la confection ni coiffeuse pour investir dans la coiffure, le seul créneau dans lequel je pouvais me lancer était celui de l'électricité quand bien même il ne serait pas tout indiqué pour une femme.» C'est en 2004 que le projet de cette sympathique dame a vu le jour après plus d'une année de démarches au niveau de l'Ansej et de la banque. «Ce fut vraiment le parcours du combattant, heureusement que mon mari était toujours à mes côtés», affirme-t-elle. Et de souligner que son nouveau statut de chef d'entreprise est loin d'être un cadeau pour elle : «J'ai travaillé durement et je continue toujours à le faire, outre le travail de gestion, j'accomplis des tâches techniques, je tire les câbles, je monte sur les pylônes électriques, bref, je fais tout ce que mes ouvriers font. De plus, je suis tout le temps en déplacement à Oran, Biskra, Annaba et d'autres villes encore, je me réveille souvent à 4 heures du matin et prends mon véhicule personnel pour pouvoir arriver à temps sur les chantiers et revenir à Tizi Ouzou avant la tombée de la nuit afin de préparer à manger pour mes enfants.» Interrogé sur la réaction des gens quand ils la voient en combinaison en train d'accomplir les mêmes tâches que ses employés, Fatma affirme : «Ils me regardent avec des yeux grands ouverts tellement ils ne sont pas habitués à voir des femmes électriciennes, une fois d'ailleurs, en m'apercevant sur un pylône électrique, un groupe d'hommes ne s'est pas empêché de me supplier de faire très attention.» Malgré la réussite de son entreprise qui emploie à présent sept jeunes à titre permanent, notre interlocutrice dit regretter le temps passé loin de ses enfants en raison de ses obligations professionnelles : «Je ne les ai pas vus grandir, je passe très peu de temps avec eux depuis que je suis chef d'entreprise, ce qui commence à me peser vraiment.»