Artisanat n La ville de Ghardaïa vit, depuis lundi, au rythme de la fête du tapis qui, durant toute la semaine jusqu'au 23 mars, mettra en valeur cette œuvre picturale qui constitue une anthologie de l'art féminin de l'Algérie profonde. Le tapis de laine pure se veut être un extraordinaire héritage légué par les artisanes qui véhiculent des références identitaires dont le processus de fabrication est transmis de génération en génération, notent les spécialistes de cette activité. Fidèlement préservée dans les régions rurales, la fabrication du tapis artisanal, métier de femmes par excellence, revêt une dimension économique mais également culturelle, «colporte» l'imaginaire social et la tradition orale du milieu dont sont issus les tisseuses et les tisserands, souligne-t-on. A travers les symboles et motifs fidèlement transmis avec raffinement et savoir-faire, un néophyte peut aisément déterminer avec exactitude l'origine du milieu de fabrication du tapis «zarbia», indiquent les mêmes spécialistes. Loin d'être considéré comme une œuvre pour égayer et décorer l'intérieur d'une demeure, le tapis transmet également des messages reflétant une culture millénaire riche et variée que seul le génie féminin a pu préserver et transmettre aux générations futures. Le tapis artisanal est considéré comme «un véritable média» véhiculant des repères qui ont un lien avec le substrat social, représentant la vie quotidienne des tisserandes, exprimée à travers des symboles complexes, des figures géométriques et des dessins abstraits chargés de sens. Ces tapisseries traditionnelles fabriquées et confectionnées par le génie familial, expriment fidèlement par des caractères distincts représentant l'appartenance à chaque milieu social d'une région de l'Algérie profonde et l'enracinement aux us et à la culture ancestrale. Chaque région possède son propre répertoire de dessins, de symboles et de décorations représentés par des motifs géométriques tels les triangles et les losanges ainsi que des paillettes et franges typiques. Du tapis d'Ath-Hichem à celui de Béni-Izgen en passant par le tapis des Nememcha, de Ksar- Chellala, d'Aflou et de Laghouat, l'expression artistique et symbolique propre à chaque région, se manifeste à travers les dessins et les motifs reproduits et exécutés magistralement par les doigts des tisserandes dotées d'une patience «d'acier». Chacun des symboles et couleurs que renferme le tapis artisanal témoigne d'une pratique sociale, d'un mode de vie propre à une région et d'une entité culturelle inspirée de son vécu quotidien et de l'imaginaire sociologique. Dans cette perspective, la capitale du M'zab, (Ghardaïa), reconstituera à l'occasion de la 43e édition de la fête du tapis la diversité culturelle qui fait la fierté de l'Algérie et se penchera, également, sur une stratégie de promotion et de valorisation du produit artisanal.