Résumé de la 6e partie n Dupés par le rusé maître voleur, le curé et le sacristain allèrent de leur plein gré se mettre dans le sac, et ce dans l'espoir d'une ascension rapide au ciel les menant directement au paradis. Sur quoi le maître voleur ne perdit pas un instant et boucla solidement l'ouverture, empoigna le bourrelet et traîna le sac et son contenu jusqu'au bas de l'étroit escalier de la chaire. Chaque fois que les têtes des deux idiots cognaient une marche, il leur criait : «Voici maintenant que nous franchissons déjà les hautes montagnes !» Puis il les traîna de la même manière à travers le village, et quand ils passaient dans une flaque : «Voici que nous arrivons dans l'humidité des nuages !» Et quand enfin il les tira pour monter l'escalier du château : «Nous voici sur l'escalier du ciel ! annonça-t-il. Nous entrerons bientôt dans l'antichambre !» Une fois arrivé en haut des marches, il alla fourrer son sac dans le pigeonnier. «Vous entendez, leur dit-il, vous entendez comme les anges se réjouissent et battent des ailes ?» Il s'assura que tout était bien comme il le fallait, tira la porte, poussa le verrou et s'en alla. Le lendemain matin, il se rendit chez le comte et lui annonça que la troisième épreuve était réussie également, que le curé et le sacristain avaient été tirés hors de l'église. — Où les as-tu laissés ? demanda le comte. — Ils sont là-haut, dans le pigeonnier, enfermés dans un sac, et ils s'imaginent qu'ils sont au ciel. Le comte y monta aussitôt et ne put que constater de ses propres yeux qu'il n'avait pas menti. Monsieur le curé et son sacristain furent remis en liberté, après quoi le comte lui déclara : — Tu es vraiment un maître voleur, et un grand maître encore ! Tu me l'as parfaitement démontré. «Tu as donc sauvé ta peau pour cette fois ; mais tâche, à l'avenir, de te tenir éloigné de mes terres, parce que si jamais on venait à t'y rencontrer, tu pourrais compter sur ta suprême promotion qui te hissera là-haut, à la potence.» Le maître voleur passa dire adieu à ses parents avant que de repartir à travers le monde, et personne n'a plus entendu parler de lui.