Scepticisme n Si les responsables du secteur affichent leur optimisme quant à la réussite de ce système, les enseignants estiment, pour leur part, que l'environnement économique national n'est pas favorable à un tel mode de formation. Mis en place en 2003 dans le cadre de la mise en œuvre du programme de réforme de l'enseignement supérieur, le système Licence-mastère-doctorat (LMD) connaîtra, cette année, le lancement de la première promotion en mastère dans 184 domaines de formation. La particularité ou plutôt le principal atout de cette formation est que l'ensemble des licenciés pourra accéder au mastère sans concours, contrairement à l'ancien système où l'accès à la postgraduation se faisait sur la base d'une sélection. Le nouveau système semble susciter l'engouement des nouveaux bacheliers, puisque le nombre des inscrits a atteint le seuil des 80 000. Le système LMD est, rappelons-le, basé sur une formation théorique à l'université et une formation pratique au sein des entreprises en parallèle. Ce sont les étudiants qui devront trouver des entreprises économiques pour le volet pratique de leur formation. Pour le responsable de la communication au ministère, cela ne constitue pas un gros souci, puisque le système LMD est actuellement appliqué dans les dix universités situées dans les grandes villes du pays où les opérateurs économiques s'engagent à «recruter» les nouveaux étudiants dans le cadre du préemploi. «Il n'y a, toutefois, pas de conventions entre les universités et les entreprises économiques les obligeant à prendre en charge les étudiants du LMD», a-t-il précisé. Mais, ajoute notre interlocuteur, certaines entreprises ont affiché leur disponibilité à contribuer à garantir une formation de qualité aux étudiants à l'exemple du groupe Cevital qui recrute l'ensemble des étudiants en LMD de l'université de Béjaïa. Si la formation pratique ne semble pas représenter un obstacle dans les wilayas comptant des grandes sociétés telles que Béjaïa, Blida, Alger, Boumerdès et Annaba, les nouveaux étudiants inscrits dans ce système de formation dans les autres wilayas auront, inévitablement, toutes les peines du monde à s'assurer une formation pratique de qualité. Pour Ali Boukaroura, membre du conseil national du Cnes, le système LMD «a été importé et imposé dans l'université algérienne sans études préalables relatives à l'apport de ce mode d'enseignement supérieur appliqué dans les universités occidentales». Il estime que «plus de 80% des licenciés (LMD) n'ont pas bénéficié de stages pratiques car les opérateurs économiques ,en raison des défaillances dans leurs moyens et capacités de gestion des ressources humaines, n'ont pas contribué à prendre en charge les étudiants». Le sort des 80 000 nouveaux inscrits ne sera pas différent de celui de leurs prédécesseurs, ajoute notre interlocuteur, qui appelle les autorités concernées à revoir leur copie relative à la réforme du secteur. «Si les réformes continuent à ce rythme, on se dirigera vers une catastrophe pédagogique», a-t-il mis en garde.