L'approbation de l'accord d'association avec l'Union européenne (UE) est jugée différemment par les partis politiques. Alors que les formations de la coalition gouvernementale le considèrent comme moyen important pouvant permettre l'épanouissement de l'économie algérienne, les autres partis affichent appréhensions et scepticisme quant aux bienfaits d'une telle association. Le FFS a noté d'emblée que cet accord est passé devant l'APN sans qu'il soit l'objet d'un large débat. « Nous sommes sceptiques quant à la réelle portée de cet accord. Il n'y a pas de volonté politique de le rendre effectif. Certaines dispositions contenues dans cet accord ne sont pas respectées, notamment l'article 2 concernant le respect des droits de l'homme », a souligné Karim Tabou, secrétaire national à la communication. Le plus vieux parti de l'opposition estime qu'il n'y a pas d'instances démocratiques à même de mettre en œuvre un tel accord. Dans le préambule même de l'accord, on a relevé la nécessité de le mettre en œuvre dans un cadre transparent par des instances démocratiquement élues. Or, ce n'est pas le cas. Quelle est donc la viabilité d'un tel accord dans un pays comme le nôtre où l'Etat est complètement déliquescent ? », a-t-il encore souligné. Le parti d'Aït Ahmed estime, en outre, que l'accord lui-même suppose « sa mise en œuvre par des instances caractérisées par les règles de la bonne gouvernance », tout en s'interrogeant sur la capacité « des partenaires européens de faire face aux problèmes aussi profonds que la corruption endémique qui gangrène l'économie nationale et qui affecte toutes les affaires du pays ». Pour le FFS, il est ainsi difficile de « croire à un quelconque impact positif sur les populations ». Le MDS ne semble pas « inquiété » par cette association ni même « surpris ». Pour ce parti, cet accord d'association n'est qu'un « aboutissement logique » de relations existantes depuis de longues années entre l'Algérie et le Vieux Continent. « Il n'y a pas de quoi avoir peur, car 90% de nos échanges extérieurs se font avec des pays de l'UE », a indiqué Hocine Ali, secrétaire général par intérim du parti. Il reste maintenant, selon lui, de mettre les moyens nécessaires pour édifier dans ce cadre « une économie productive qui sorte de l'exploitation des richesses naturelles ». Mais le MDS met en garde les hautes autorités pour qu'elles ne cèdent pas au discours ultralibéral, sinon l'Algérie sera « perdante sur toute la ligne ». Le parti de Abdallah Djaballah, El Islah, défend sa position au sein de la chambre basse du Parlement, où ses députés ont voté avant-hier pour cet accord d'association. « Nous avons voté pour cet accord dans l'espoir que cela permettra à notre pays de tirer profit de l'avancée et du développement qu'a réalisés l'Europe dans les différents domaines, notamment dans la recherche et l'économie », a expliqué Abdelghafour Saâdi, vice-président de ce parti hostile à l'Alliance présidentielle. L'alliance acquiesce Selon lui, les conséquences doivent être assumées par tous, du Président aux acteurs économiques et sociaux, en passant par la classe politique. Car, dira-t-il, « la concurrence n'est pas facile ». Et, précisera-t-il, « si l'environnement économique ne connaît pas des améliorations et si le secteur bancaire ne se développe pas rapidement, l'impact de cet accord sera négatif ». Les partis de l'Alliance présidentielle applaudissent cet accord. Le FLN ne doute pas de l'impact positif de cet accord sur l'économie du pays. Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général de ce parti et homme ayant chapeauté ce dossier avec l'UE, dira : « L'impact ne sera que bénéfique pour notre économie dans la mesure où cet accord stimulera notre appareil productif, précipitera la mise à niveau de nos PME et augmentera la performance de notre tissu économique, et ce, en renouvelant le potentiel productif. » Selon lui, il n'y a aucune raison pour qu'on ne soit pas prêt pour affronter la concurrence, car l'Algérie a douze ans pour le démantèlement tarifaire. Le RND, le deuxième parti de l'Alliance présidentielle, abonde dans le même sens. Allant du principe qu'il fait partie de la coalition gouvernementale, Abdelmadjid Menasra, chargé de la communication au MSP, lâche sans ambages : « Nous sommes au gouvernement, lequel a signé cet accord. Ainsi, nous ne pouvons dire que oui à sa mise en œuvre. » Pour lui, le plus important maintenant reste la mise en œuvre et l'application réelle des dispositions de cet accord. « Le taux d'intérêt que nous allons tirer de cet accord dépendra des compétences de ceux qui seront à la régie pour son application », a-t-il souligné, tout en notant que l'Algérie a déjà un échéancier de deux ans qu'elle pourra exploiter à bon escient. Il ajoutera, en outre, que la capacité de l'Algérie de faire de cet accord un atout en sa faveur est dépendante de sa stabilité économique et de la manière dont elle gérera le dossier. Aux yeux de ce parti, il s'agit d'un « accord neutre » qui mettra à l'épreuve l'intelligence des uns et des autres, avant de souligner que le monde d'aujourd'hui est celui des « coalitions ». Le Parti des travailleurs (PT) rejette cet accord. D'ailleurs, il est le seul parti siégeant à l'APN qui s'est opposé clairement à cet accord. Manifestant sa crainte que « l'Algérie ne devienne un marché pour les produits européens », le PT a relevé que cet accord est en contradiction avec l'article 121 de la Constitution. Le RCD, quant à lui, se refuse à tout commentaire. Selon son vice-président Djamel Ferdjellah, le conseil national du parti estime que, dans la mesure où le pluralisme politique n'est pas reconnu, il est inutile de « parler ». « Nous avons pris ainsi des mesures stratégiques en optant pour une autre forme de communication qui est le travail de proximité », a-t-il indiqué.