Rachid Harraoubia reconnaît que les diplômes algériens mènent plutôt vers le monde du chômage. Les diplômes de l'Université algérienne conduisent les étudiants droit vers le chômage, reconnaît, hier, sur les ondes de la Chaîne I de la Radio algérienne, Rachid Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur. L'université algérienne, à en croire le ministre, tente de renouer le fil avec le monde du travail, un divorce dû à un mode d'enseignement qui traîne lamentablement la patte. Mais, le ministre a jeté au coeur des débats une contradiction de taille. Rachid Harraoubia s'agrippe au principe d'algérianiser l'université, mais tout en tentant de se conformer aux règles universelles et faire fonctionner un système de LMD qui n'a rien d'algérien. Va-t-il réussir son équation? La question n'est pas à ce stade. Le système économique peine à réussir sa métamorphose escomptée pour manque de cadres et de main-d'oeuvre qualifiés, chose qui n'est pas assurée par l'Université algérienne qui s'embourbe dans un modèle d'enseignement inapproprié. Selon l'invité de la Chaîne I, l'Université algérienne concentrera, désormais l'attention sur le volet qualité afin de répondre aux besoins exprimés par le marché de l'emploi. Le nouveau système, qui figure d'ailleurs parmi les réformes envisagées, s'appuie sur l'implication des acteurs économiques dans l'enseignement et la formation des futurs candidats au marché de l'emploi. La revalorisation des diplômes fait partie également des soins proposés pour juguler un problème qui traîne comme un boulet au pied. Rachid Harraoubia se montre presque convaincu que l'avenir de l'économie algérienne réside dans le développement de la ressource humaine. Cela est une réalité incontestable pour un pays qui mise sur une transition à n'importe quel prix. Le ministre de l'Enseignement supérieur reconnaît, néanmoins, que le manque de cadres et de main-d'oeuvre qualifiés dans le secteur économique est dû essentiellement à la non-conformité des programmes enseignés par rapport aux nouvelles donnes économiques. Le processus engagé depuis des années pour réussir une transition économique inévitable n'a pas été accompagné par des mesures concrètes allant dans le sens, à titre indicatif, d'investir dans la ressource humaine. Au stade où sont les choses, les feux affichent le rouge, avançant même des craintes sérieuses quant à la réussite de la transition économique. Car, l'initiative de privatisation, tentée à grande pompe par le gouvernement, n'est aucunement une solution miracle ni synonyme de transition économique. L'entreprise, appelée à constituer le moteur de l'économie sous une atmosphère de libéralisme, n'a toujours pas le vent en poupe, faute d'un cadre institutionnel et constitutionnel non conforme. L'Université algérienne de son côté, mise sous régime de refonte des années durant, n'arrive toujours pas à réussir son mariage avec le monde du travail. Faut-il encourager les écoles privées et la mise sur pied d'universités privées? A cette question, Rachid Harraoubia se montre coincé face à une volonté affichée clairement par le chef de l'Etat qui a, antérieurement, déclaré que l'université ne doit pas s'enliser dans le monopole du secteur public. Toutefois, sur le terrain, une autre réalité se fait connaître, les écoles privées sont soumises à des cahiers des charges qui freinent toute volonté de perfectionnisme. Cette même réalité a été expliquée, lundi, lors d'une table ronde organisée par la Confédération des cadres des finances et de la comptabilité (Ccfc), par des directeurs d'instituts et d'écoles supérieures privées. Au sujet de la décision de débrayage prise par le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), le ministre a eu à rappeler la possibilité d'aller encore vers la justice. Rachid Harraoubia a pris carrément, cette fois-ci, le taureau par les cornes en évoquant la volonté de constituer un parti politique au sein de l'université. Des propos qui vont, sans le moindre doute, faire trop de bruit d'autant plus que le Cnes ne décide pas encore de faire machine arrière.