Mais la grande ville kabyle du Moyen Age est Béjaïa, qui a succédé à la Saldae des Romains. En 1067, le prince hammadite, al-Nas'îr, s'est emparé de la montagne y fondant, sur l'emplacement de l'ancienne ville, une nouvelle cité qu'il prend aussitôt pour capitale. Il l'orne de belles mosquées et de magnifiques palais, dont le fameux qasr al-Lu'lu'a, (le Palais de la perle), il «peuple» la ville de savants, d'écrivains et d'artistes, faisant d'elle une rivale de Tunis et de Kaïrouan. Al-Nas'îr donne son nom à la nouvelle ville, qui devient al-Nas'iriya. La ville recevait des marchands de tout le Bassin méditerranéen et figurait sur les cartes européennes du Moyen Age sous le nom de Bugia, Buzia, Bugea, Buzana, dont les Italiens puis les Français vont tirer le nom de la bougie et de la basane, la peau de mouton tannée, deux produits, notamment la cire, la fameuse candella de Bugia, importée en grandes quantités de Béjaïa… La Kabylie verra défiler les différentes dynasties musulmanes : almohades, Almoravides, Hafcides et Ziyanides, mais la montagne gardera une certaine autonomie, se contentant de soutenir tel royaume ou tel autre, en fournissant des contingents de soldats.