Illusion n Les Afghans pensent qu'ils ont rattrapé la civilisation, concrétisée par la musique, le cinéma ou les fringues. Mais l'Afghanistan profond est toujours plongé dans la pauvreté. Le 7 octobre 2001, une coalition internationale dirigée par les Etats-Unis a commencé dans la soirée à bombarder les installations stratégiques de l'Afghanistan. Après des semaines de tensions nées des attentats meurtriers du 11 septembre contre les Etats-Unis, la pression était montée contre le régime du mollah Omar et son obstination à protéger ses hôtes d'al-Qaîda et leur chef Oussama ben Laden, tenus pour responsables de la vague d'attentats sans précédent contre le géant américain. Pour la population, «il était plus difficile de vivre sous les talibans que sous un bombardement américain». Les talibans ont finalement fui la capitale dans la nuit, de la même façon qu'ils y étaient entrés cinq ans plus tôt. Les extrémistes qui avaient imposé leur austère version de l'islam interdisant la musique, les films, les cerfs-volants et obligeant les femmes à se couvrir entièrement en public, étaient partis. Six ans plus tard, Kaboul crie fort et vit aux couleurs éclatantes de la musique et des embouteillages, les cinémas et les magasins de musique ont rouvert et les gratte-ciel et villas poussent comme des champignons. Cependant, le représentant spécial de l'Onu Tom Koenigs juge que l'instabilité dans le sud avec ses violences et la production d'opium masquent les bons résultats. Selon lui, «l 'Afghanistan est le cinquième pays le plus pauvre du monde. Malgré le soutien international, dans dix ans, il restera toujours très pauvre», a-t-il ajouté. En Afghanistan même s'il y a une nouvelle démocratie, une constitution qui donne des droits théoriques égaux aux hommes et femmes, un parlement et un président élus. Ces résultats sont obstrués par la sécurité avec l'insurrection des talibans plus étendue que jamais, faisant craindre déjà leur retour aux affaires. Leurs attaques ont crû de 20% cette année par rapport à 2006, selon un rapport du Conseil de sécurité de l'Onu du mois dernier. La violence a tué plus de 5 000 personnes cette année, contre 4 000 en 2006. La plupart des victimes sont des insurgés, mais plus de 1 000 membres des forces de sécurité afghanes et des civils ont péri, ainsi que 181 soldats étrangers. Nous avons remporté de bons succès tactiques contre eux dans des combats mais ils sont toujours là», a reconnu le général Dan McNeill, commandant en chef des quelque 40 000 soldats de l'Otan en Afghanistan.