Le président afghan a souligné qu'il agirait ainsi même si la communauté internationale s'opposait à sa décision. Le président afghan Hamid Karzaï a affirmé, hier, qu'il ferait «tout ce qui est en son pouvoir» pour protéger le mollah Omar, chef des taliban, en échange de la paix, au cours d'une conférence de presse. «Si j'apprends que le mollah Omar désire négocier la paix, en tant que président de l'Afghanistan, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour le protéger», a assuré M.Karzaï. Le président afghan a souligné qu'il agirait ainsi même si la communauté internationale s'opposait à sa décision. En fuite depuis 2001, le mollah Omar est le chef des militants fondamentalistes qui ont dirigé l'Afghanistan de 1996 à fin 2001 en y faisant appliquer la loi islamique la plus radicale. Les Etats-Unis ont offert une récompense de 25 millions de dollars pour sa capture. Cette prise de position tranche avec celle des Etats-Unis, qui ont indiqué fin octobre qu'ils ne croyaient pas que «le mollah Omar soit quelqu'un avec lequel on se réconcilie». «Le mollah Omar a le sang de milliers d'Américains sur les mains, au vu du soutien qu'il a apporté à Oussama Ben Laden», le dirigeant du groupe islamiste radical Al Qaîda, avait déclaré le 29 octobre le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell. Le président afghan a cependant rappelé que les négociations n'étaient pas encore entamées. «Mais nous n'en sommes pas là. Pour le moment, je n'ai pas encore entendu les chefs des taliban proclamer leur désir de ramener la paix en Afghanistan. Ils doivent prouver leur bonne foi», a nuancé Hamid Karzaï. Ce dernier soutient, depuis plusieurs années, l'idée de négociations avec les taliban, qui mènent une insurrection meurtrière depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition internationale dirigée par les Etats-Unis. Mais les taliban posent comme condition préalable à toute négociation le départ des troupes étrangères, qui comptent près de 70.000 hommes. Des responsables afghans ont rencontré début octobre, à La Mecque, en Arabie Saoudite, d'anciens membres du régime des taliban, marquant une première ébauche de négociations à haut niveau entre les deux parties. Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates ainsi que le général américain David Petraeus, chef des troupes américaines dans les guerres d'Irak et d'Afghanistan, se sont aussi prononcés pour l'ouverture d'un dialogue avec les taliban.