Résumé de la 11e partie n Le principal témoin de Cynthia – la femme aux cheveux orange – n'ayant pas répondu aux appels à témoin, cela a valu une douzaine d'années de prison à Cynthia. Jeff Knight. Elle l'avait connu l'an dernier quand il était venu faire pour la télévision une série d'interviews de femmes en prison. Il l'avait invitée à participer à l'émission, et elle avait sèchement refusé. Il avait insisté, son visage énergique et intelligent exprimant une préoccupation sincère. «Ne comprenez-vous pas, Cynthia, que cette émission va être regardée par deux millions de spectateurs en Nouvelle-Angleterre ? La femme qui vous a vue cette nuit-là pourrait se trouver parmi eux.» C'était la raison qui l'avait poussée à participer à l'émission ; elle avait répondu à ses questions, raconté la nuit où Stuart était mort, montré le vague croquis de la femme avec laquelle elle s'était brièvement entretenue, le dessin du fast-food. A New York, Lillian avait fait paraître une déclaration disant que la vérité avait été établie au procès et qu'elle n'avait pas d'autre commentaire à faire. Ned Creighton, actuellement propriétaire du Mooncusser, un célèbre restaurant à Barnstable, avait répété qu'il était navré, absolument navré pour Cynthia. Après l'émission, Jeff avait continué à venir la voir. Seules ses visites l'avaient empêchée de sombrer dans le désespoir total en constatant que l'émission ne donnait aucun résultat. Il arrivait toujours un peu fripé, ses larges épaules boudinées dans sa veste, ses cheveux bruns indisciplinés bouclant sur son front, ses yeux noirs au regard intense pleins de bienveillance, ne sachant où caser ses longues jambes dans l'espace réduit réservé aux visiteurs. Lorsqu'il lui avait demandé de l'épouser après sa sortie de prison, elle l'avait supplié de l'oublier. Les chaînes de télévision lui faisaient déjà des ponts d'or. Il n'avait pas besoin dans sa vie d'une femme condamnée pour meurtre. Quelle aurait été ma réaction si je n'avais pas été condamnée pour meurtre ? se demanda Cynthia en se détournant de la fenêtre. Elle se dirigea vers la commode d'érable, prit son carnet et quitta la maison au volant de sa voiture de location. Elle ne regagna Dennis qu'en début de soirée, frustrée d'avoir gaspillé son temps en vain, donnant libre cours aux larmes qui lui montaient aux yeux. Elle avait roulé jusqu'à Cotuit, parcouru à pied la rue principale, demandé au propriétaire de la librairie qui semblait être de la région — s'il connaissait un fast-food qui serait le lieu de rencontre privilégié de la jeunesse. Où avait-elle le plus de chances d'en trouver un ? Il avait répondu avec un haussement d'épaules : «Ça va, ça vient. Un promoteur acquiert les lieux, construit un centre commercial ou un immeuble d'habitation et le fast-food disparaît.» Elle était allée à la mairie, espérant y retrouver les registres des patentes de commerces d'alimentation délivrées ou renouvelées à cette époque. Il restait deux fast-foods en activité. Le troisième avait été transformé ou démoli. Aucun d'entre eux n'éveillait ses souvenirs. Par ailleurs, elle ne pouvait même pas affirmer qu'ils s'étaient vraiment rendus à Cotuit. Ned avait peut-être menti sur ce point-là aussi. (à suivre...)