Ambition n Mustapha Achache, un autodidacte, artiste peintre de 42 ans de Koléa, nous a confié que ce tableau rassemblerait toutes les cultures du monde. «Ce sera, nous dit-il, un message pour l'humanité, un message de paix dénonçant l'injustice et les fous qui gouvernent ce monde. Une manière de regrouper les artistes qui doivent être soutenus par l'Etat.» Et même s'il estime que «ce n'est pas la mer à boire», il est conscient que c'est là «un défi qui demandera beaucoup de moyens». Nous découvrons en l'artiste Achache le blagueur, le comédien du théâtre, l'innovateur et le fasciné des inventions. Achache est aussi ce poète hors du commun qui peint des tableaux sous forme de poèmes, dont voici quelques extraits : «La terre tourne», «Le soleil se lève», «Le temps passe», «Le mendiant attend le geste du cœur», «Des enfants naissent et d'autres meurent de soif et d'injustice», «Des prisonniers enfermés attendent leur liberté», «Des milliards se perdent dans l'air pollué», «Il fait froid dans ce temps perdu», «La peur règne dans notre planète miracle», «Une larme descend longuement sur ma joue», «L'espoir existe… moi je peins». En 1993, à l'âge de 27 ans, Mustapha avait été le seul Algérien à exposer en plein air ses œuvres, durant 9 mois à Bastia (Corse), et vendu 2 de ses plus belles toiles parmi une cinquantaine d'artistes étrangers. «j'ai été, encore une fois, sollicité à y participer, mais je n'ai pas pu y aller faute de moyens.» Depuis son 1er dessin, à l'âge de 6 ans, ce peintre a pris conscience de l'artiste qui sommeillait en lui et ainsi ne pouvait rester un instant sans peindre même au détriment de ses études. Il se lancera, plus tard, dans la peinture de paysages, le trompe-l'œil, le faux bois, les fausses briques pour le décor intérieur des maisons. L'artiste a plus de 300 toiles à son répertoire, réalisées avec de modestes pinceaux semi-professionnels et vendus, selon lui, à des prix symboliques. «chacune d'entre elles raconte un vécu.» Cet amoureux de la nature se dira fier d'avoir comme idoles : Nacerdine Dinet, Issiakhem et Van Gogh. «je reproduisais difficilement beaucoup de leurs travaux. J'ai même réussi à reproduire la Joconde de Léonard de Vinci sur une boîte d'allumettes. Mais, je n'ai jamais été convaincu par ce travail car je considère que le vrai artiste n'est pas celui qui reproduit, mais celui qui improvise et innove», a-t-il déclaré. Le seul regret de Mustapha, c'est de n'avoir jamais pu entrer à l'ecole des Beaux Arts d'Alger. «je veux apprendre à peindre comme un professionnel. C'est grâce à Ammi Saïd Imasoudène (major de promotion à son époque aux Beaux-Arts) que j'ai su que le noir n'existe pas dans la peinture», reprendra Mustapha. «j'ai pu apprécier ses qualités artistiques, ses motivations dans la recherche plastique et sa volonté de persévérance dans ce domaine», témoigne un maître assistant à l'ecole des Beaux-Arts d'Alger où Mustapha a bénéficié de quelques séances en tant qu'auditeur. Mustapha se désolera de n'avoir pas beaucoup exposé en Algérie. Sans emploi actuellement, est père d'un petit Abdeldjallil, il espère «que l'artiste sera reconnu et valorisé par l'Etat».