Des courbes et des couleurs dessinent les contours du délire de Ranou. Ce peintre métaphysique... Attention, l'histoire qu'on va vous raconter peut s'apparenter à une boutade surréaliste, une gentille fable ou encore une folie. «Une folie» certes, mais créatrice pourvue d'un message dont l'auteur, l'artiste-peintre Ranou alias Belarbi Abdelghani s'ingénie à travers cette oeuvre et notamment, lors de sa dernière exposition au Palais de la culture Mufdi Zakaria à nous faire découvrir ce qu'il appelle lui, son éden artistique. Il s'agit de l'histoire de «La trilogie des animaux» (un animal aérien, un second terrestre et un troisième aquatique). «En m'inspirant, dit-il du monde animal, je découvre l'existence d'une histoire pour moi réelle contrairement au public qui la trouve imaginaire et irréelle». Nous sommes d'emblée avertis! La suite est encore plus étonnante. Ranou poursuit: «Une délégation de ces trois animaux va se constituer pour débattre lors d'une rencontre et décider de leur triste sort afin d'endiguer leurs problèmes (maladies, souffrances...). Comme ils n'ont pu les résoudre lors de cette réunion, ils ont décidé de se rencontrer, au moins une fois par an, jusqu'à satisfaire leurs besoins. C'est le début d'une histoire. Sans fin?», se pose-t-il la question. Tout lieu ou ressemblance avec la vie humaine n'est pas fortuit. En effet, car derrière le masque de chaque animal se cache une certaine idée personnifiée de l'être humain (une sorte de Bébète show?). Il est donné en tout cas au public d'interpréter ou de décrypter les oeuvres de Ranou comme il l'entend et comme il les perçoit, surtout. Ses tableaux sont la déclinaison d'un ensemble de familles (indienne, cow-boy, Tintin...). Chaque famille se décompose en une variante de couleurs qui répond au choix de chaque membre. Un peu compliqué tout cela, mais on s'y retrouve quand même. Ses idées, Ranou les couche sur la toile ou encore sur le cartonnet, sa matière de prédilection sur laquelle il libère toute la folie de son imagination fertile. Sa peinture est une combinaison de couleurs et de formes géométriques. Des courbes fuyantes, des parallèles innombrables...Autant de pistes de réflexion pour déceler les sujets profondément humains. Pourquoi la géométrie? L'artiste répond: «C'était la matière que je maîtrisais le plus à l'école.» Ayant grandi entouré, côtoyant les animaux, son approche de l'univers animalier se fera donc tout naturellement. Peintre autodidacte à l'esprit clairvoyant, Ranou ne peint pas simplement la vie, mais dresse un constat et par-là même un message fort qu'il adresse aux décideurs de ce monde. Sa peinture se veut donc «une invitation à un plus grand respect de l'humanité», pour une meilleure vie de dignité et surtout de paix. Le sommet des «3 A» dans chaque importante ville du monde, a cela de sérieux, son profond réalisme qui suscite la confusion - voulue - entre le monde animal et l'être humain...De la décoration des murs de sa maison à la peinture sur toile, il n'y a qu'un pas qu'il a franchi, il y a trois ans grâce à une amie qui le poussera à se lancer dans cette belle aventure. Lui qui ne trouvait rien d'artistique dans son travail...! Une vocation inconsciente qui ne tardera pas à naître. Aujourd'hui, Ranou laisse courir le pinceau sur ses toiles et voit naître des symboles qui sont autant d'hommage pour ses grands-parents et ses parents. «Le thème de mon exposition est à la fois immortel et provocateur. C'est pour ça que j'aime qu'un large public puisse la découvrir et qu'il se pose des questions», fait remarquer Ranou. Sa trouvaille est sans conteste ce nouvel alphabet vertical dont les lettres convergent toutes vers un seul point. Son «initiation» à la calligraphie est le fruit d'une touche accidentelle qui le mènera à la construction de ce trait nouveau à l'esthétique savante et expressive. Après Alger, c'est à Béjaïa (Place Guidon), sa ville natale, que Ranou compte exposer ses merveilles à l'occasion des festivités du 8 Mai 45. Après, il s'envolera le 9 pour Toulouse puis à Bruxelles (Belgique).