Largement utilisé dans le monde pour tâter le pouls des opinions publiques sur des questions politiques ou autres, le sondage d'opinion fait parfois l'objet de manipulations occultes. Réunis hier, à la Bibliothèque nationale, des universitaires ont tenté de mettre en garde l'opinion contre les risques d'une technique détournée de sa vocation. Ils étaient plusieurs universitaires à intervenir dans ce sens, hier, à la Bibliothèque nationale d'El-Hamma, à l'occasion d'une conférence intitulée ‘Le sondage, entre techniques et utilisation». A l'origine, moyen «renforcement de la démocratie à travers la facilitation de la fluidité des informations entre gouvernant et gouverné», le sondage est devenu «un instrument au service de desseins politiques occultes», a relevé l'enseignant universitaire Belkacem Berrouane qui lève ainsi le voile sur certains aspects occultes de cette technique qui, à ses yeux, demeure «indispensable» et «ne peut être interdite ou annulée» «quels qu'en soient les modes et les conditions de son utilisation». Le conférencier appellera seulement à «définir les objectifs escomptés et les utilisateurs de ces sondages». De son côté, l'enseignant Abdelwahab Boukhannoufa dénoncera l'utilisation des sondages «à des fins de manipulation». Après avoir rappelé que cette technique repose sur des critères méthodologiques et éthiques qui constituent l'essence même de sa crédibilité, l'universitaire regrettera que ces critères «ne sont, malheureusement, pas pris en compte dans les sondages conduits actuellement». Evoquant «le foisonnement» des sondages ces dernières années à travers le monde, M. Boukhannoufa a estimé qu'il est impératif de connaître les motifs et les facteurs, voire les parties «impliquées» dans le détournement de cet outil scientifique de sa vocation originelle. En parfait connaisseur du domaine, l'orateur a cité certaines «méthodes de manipulation», particulièrement dans «les médias et l'Internet», précisant que ces méthodes «marquent l'ensemble des étapes de préparation du sondage», notamment, a-t-il précisé, «dans la formulation des questions, leur classification et le moment choisi pour conduire le sondage». Les sondages diffusés sur certains sites Internet «ne reposent sur aucun fondement scientifique objectif ou méthodique», ajoutera-t-il, en mettant en avant l'inconnaissance de l'échantillon et de sa position géographique, d'autant plus que ce type de sondage offre l'occasion à une même personne de s'exprimer à plusieurs reprises. L'enseignant Ahmed Adhimi a présenté, quant à lui, une communication intitulée «Stratégie des chaînes de télévision internationales et position des chaînes nationales», à travers laquelle il a observé que les stratégies adoptées par les chaînes internationales sont en mesure «d'influer et de polariser le plus grand nombre de téléspectateurs auxquels elles font miroiter une image idyllique du monde occidental». Devant l'infructuosité de cette stratégie, les chaînes étrangères, notera l'orateur, ont opté pour des méthodes basées sur l'utilisation de productions inspirées des cultures et symboles du monde arabe, et le lancement de chaînes d'informations étrangères en langue arabe en est une parfaite illustration.