Toutes les manchettes de journaux en ont parlé : l'ancien international algérien Rabah Madjer a été honoré par la Confédération africaine de football (CAF) parmi les dix meilleurs joueurs africains des cinquante dernières années, et ce, à l'occasion de la remise des prix des meilleurs footballeurs du continent en 2007 qu'a abrité le Palais des congrès de Lomé, la capitale togolaise. Evidemment, dans le classement établi par la CAF on retrouve les grands noms qui ont marqué le football africain par leur talent, leurs exploits et leur palmarès que sont les Abedi Pelé, El-Khatib, Milla, Weah, Drogba, Eto'o, Hossam Hassan, Bwalya et autres Kanu. Mais juste après les dix premiers, un footballeur s'est glissé au 14e rang et a pour nom Hacen Lalmas, l'ancien joueur du grand CR Belouizdad des années soixante et soixante-dix. Né le 12 mars 1943 à Alger, Lalmas a été durant une bonne décennie l'idole des foules et le patron du Chabab dont le nom n'en a jamais été dissocié. Meneur de jeu, meneur d'hommes, star, mais modeste, de son époque, animateur et maître à jouer, Lalmas faisait peur à ses adversaires à la simple évocation de son nom sur la liste du onze rentrant. Les supporters des équipes adverses retenaient leur souffle et scrutaient la porte des vestiaires pour savoir s'il était là ou pas car sa simple présence faisait basculer le résultat d'une rencontre. Appelé familièrement El-Kebch, en raison de sa tête dégarnie, mais dont les coups sont imparables, Lalmas avait eu la chance d'évoluer aux côtés de joueurs d'exception tels Achour, Selmi, Kalem, Djemaâ, Abrouk et autres Nassou qui ont écrit l'une des plus belles pages de l'histoire du football algérien. De belles pages que Lalmas écrira également en équipe nationale où il compte 73 sélections (son premier match le 6 janvier 1963 et une victoire face à la Bulgarie 1 à 0 et son dernier le 31 octobre 1974 et un nul 0 à 0 contre le Maroc), malgré les déboires des Verts à cette époque, notamment lors de la première Coupe d'Afrique des nations en 1968. Malgré une sortie ratée, Lalmas réussira à marquer de son empreinte cette édition en Ethiopie en réalisant un triplé lors de la seule victoire algérienne face à l'Ouganda (4 à 0), ce qui lui a permis de soigner sa notoriété pour l'éternité. Son audience dépassera les frontières du pays, ce qui lui vaudra des sollicitations de plusieurs clubs parmi les plus huppés comme le prestigieux Anderlecht du royaume de Belgique. Mais Lalmas est un homme de caractère et à la forte personnalité, il préféra rester au pays où il tente une éphémère carrière de joueur - entraîneur au CRB, avec qui il décroche son dernier titre en 1970 avant de faire une pige au NA Hussein-Dey et un crochet par la direction technique nationale. Par la suite, Lalmas décide de prendre le chemin de l'ombre et de l'anonymat se consacrant à sa profession et à sa famille. Aujourd'hui, on peut l'apercevoir du côté de la mosquée El-Qods de Hydra où il vient régulièrement accomplir ses prières en homme pieux et sage, rangé, mais qui mérite qu'un jour le football algérien et l'Etat lui rendent un vibrant hommage. Il a été notre premier héros à la CAN, malgré tout.