Dualité n Une partie des Algériens célèbre la Saint Valentin en offrant fleurs et parfums sous le regard inquisiteur d'une autre partie qui crie à l'acculturation. La Saint Valentin, cette fête symbole de l'amour romantique, est dédiée exclusivement aux amoureux qui profitent de cette journée pour s'avouer ou renouveler leurs sentiments, échanger des promesses, des cadeaux, des fleurs, un geste tendre… Cette tradition semblait, à une époque, gagner de plus en plus de partisans chez nous après avoir été adoptée par beaucoup d'Algériens qui ne se posaient pas trop de questions sur son origine, n'y voyant qu'une occasion de plus pour être heureux et fuir, l'espace d'un moment, une réalité pas toujours rose. Aujourd'hui, cette fête semble exercer moins d'attrait sur les générations actuelles. Aujourd'hui, fêter la Saint Valentin est un plaisir pour certains qui restent toujours fidèles à ce rendez-vous et qui n'hésitent pas à s'échapper en tête à tête avec leur moitié pour un dîner dans un restaurant, un week-end en amoureux, ou à défaut échanger des SMS affectueux… Que la Saint Valentin soit d'origine musulmane, chrétienne ou autres cela importe peu pour cette catégorie d'amoureux, elle reste personnelle et individuelle. La Saint Valentin connaît aussi une grande popularité chez les commerçants dont certains n'hésitent pas à décorer leurs magasins pour l'occasion. Mais dans cette Algérie aux facettes communes et multiples à la fois, beaucoup de choses se disent à propos de la célébration du 14 février. Si la catégorie citée ci-dessus reste attentive à ce qui se passe sous d'autres cieux et ne voit pas d'inconvénient à célébrer cette fête, le camp adverse voit en cette célébration une forme d'acculturation qui porte atteinte à notre identité arabo-musulmane et reste convaincu qu'il y a danger dans cette pratique imposée par les chaînes satellitaires occidentales. Cette lecture ouvre, tout compte fait, la voie à de nombreux préjugés souvent peu fondés. Et ce même si le rejet de cette célébration est fondé, disent les opposants, sur le fait qu'elle ne correspond pas aux percepts religieux locaux car, selon leur version, «on ne peut fêter la Saint-Valentin puisqu'on la doit à un saint qui défendait l'amour en liant les couples sans mariage...». De toute évidence, les médias ont un puissant impact et il n'y a aucun doute qu'ils ont largement contribué à la diffusion de cette tradition. Ce qui n'est pas très étonnant lorsqu'on sait que plus de 15 millions d'Algériens sont branchés sur les satellites et la plupart restent particulièrement friands des programmes diffusés par les télés hexagonales. L'Algérie comme point de rencontre de toutes les civilisations, a pris en charge à sa manière la célébration de cet événement né ailleurs et d'une autre culture pour lui imposer un cachet personnalisé pour ceux qui le fêtent.