Séminaire n La journée internationale de la langue maternelle a été célébrée, pour la première fois en Algérie, jeudi, lors d'une rencontre au Centre culturel de la radio nationale. El-Hachemi Assad, directeur de la promotion culturelle au Haut-Commissariat à l'amazighité, a, dans son intervention, indiqué l'existence d'une réalité linguistique plurielle que nul ne peut ignorer ou nier. «En marge de la langue officielle, langue standard, il existe plusieurs langues maternelles, de l'arabe dialectal avec ses variantes et de l'amazigh avec aussi ses composantes, qui se côtoient, tous les jours, dans la vie quotidienne. Ces langues cohabitent. Elles existent. Car la vitalité d'une langue, c'est l'emprunt.» Il a, dans ce sens, appelé à engager une réflexion visant à relancer le débat sur la nécessité de respecter et de promouvoir la diversité linguistique. «Le bilinguisme, a-t-il estimé, se révèle comme un excellent moyen de communication et s'avère aussi un refus de l'enfermement. C'est un véritable facteur de cohésion sociale.» S'exprimant sur la langue amazighe, M. Merrah, secrétaire général du Haut-Commissariat à l'amazighité, a regretté que la langue amazighe soit conditionnée par des considérations politiques et des préjugés culturels. «Il faut faire de cette langue un usage logistique», a-t-il dit, ajoutant : «Avec la langue amazighe, il ne s'agit pas seulement de communiquer, mais de réfléchir, de vivre en amazighe.» Pour sa part, Mohamed Badredine, directeur de la Chaîne II, a, dans son intervention, reconnu que, s'agissant de la langue amazighe, «il y a des acquis, mais beaucoup reste encore à faire». S'exprimant sur l'expérience de la Chaîne II, il a indiqué : «la Chaîne II a, en 2006, diffusé 14 400 heures de programme en 8 variantes de la langue amazighe», ajoutant : «Certaines stations régionales (Béjaïa, Batna, Illizi, Ouargla…) et les chaînes thématiques (Radio Coran ou Radio culture) ont greffé dans leur grille des programmes en langue amazighe.» M. Badredine a, en outre, estimé que la Radio Chaîne II se révèle un canal de communication favorable à la promotion et au développement de la langue amazighe, notamment par les émissions de formation, d'information et d'éducation qu'elle s'assigne. Encore mieux, la Chaîne II, a-t-il poursuivi, travaille à mettre en place une langue standard assurant alors une meilleure compréhension de tous les amazighophones. «Nous travaillons en ce moment avec le département de la langue amazighe de l'université de Tizi Ouzou sur un manuel de lexique (un dictionnaire) permettant aux journalistes de rendre l'usage de la langue amazighe plus performante et accessible aux auditeurs amazighophones», a-t-il dit. Nacira Zellal, universitaire, a expliqué que «l'enfant n'évolue que dans sa langue maternelle», ajoutant : «Il s'approprie le monde à travers le langage.» «Pour comprendre l'enfant lorsque celui-ci présente des déficiences langagières, il faut l'explorer et le rééduquer dans sa langue maternelle», a-t-elle expliquant, d'où la nécessité d'élaborer les tests en orthophonie dans la langue maternelle.