Incongruité dans la quasi-totalité des pays musulmans, l'élevage du porc connaît de beaux jours au Maroc, grâce au développement du tourisme dans ce pays visité par 7,5 millions d'étrangers en 2007. «S'il y a du tourisme, il faut bien qu'il y ait des cochons», explique le propriétaire d'une ferme artisanale à Jorf, à 28 km d'Agadir, où il élève 250 porcs. Associé à un septuagénaire français, il s'est lancé en 1988 dans cet élevage après avoir été ruiné par une vague de grippe aviaire. Il pense doubler sa production d'ici à trois ans, pour répondre à la demande des 10 millions de touristes attendus à l'horizon 2010. «Je suis un musulman pratiquant. Je ne mange pas de porc et je ne bois pas d'alcool, mais c'est un élevage comme un autre et aucun imam ne m'a fait de reproches», assure-t-il, faisant référence à l'interdiction par l'islam et le judaïsme de consommer cet animal. Prohibé en Algérie, en Mauritanie et en Libye, cet élevage est autorisé en Tunisie à destination des touristes. Le Maroc compte un cheptel de 5 000 porcs, dans quatre fermes autour d'Agadir, deux près de Casablanca, et une à Taza (nord), tenues par un chrétien, deux juifs et quatre musulmans. Le chiffre d'affaires s'élève à 12 millions de dirhams (1 million d'euros) pour une production d'environ 270 tonnes de viande par an.