Un salon du tourisme culturel arabe, organisé dans le cadre des festivités de la manifestation Alger, capitale de la culture arabe 2007, sera inauguré aujourd'hui au Palais de la culture Moufdi Zakaria. Une occasion de lancer une réflexion sur le tourisme arabe et les contraintes qu'il rencontre. « Le tourisme arabe reste circonscrit à certains pays qui sont la locomotive. Il ne dépasse pas actuellement 4% des flux touristiques mondiaux. Au vu des potentialités existantes, il est en retard. » C'est le constat fait par le Jordanien Taleb Rifai, secrétaire général adjoint de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), en participant à un séminaire international à Alger sur la mise en place et le renforcement des systèmes compétitifs visant la qualité du tourisme, en mai 2006. En fait, 36 millions de touristes se rendent au Proche-Orient. La position de la région arabe, ensemble géographique ensoleillé et à la culture riche et diversifiée, à proximité de la première zone d'émission du tourisme mondial qu'est l'Europe a permis à certains pays arabes de jouer un rôle important comme destination touristique. On distingue plusieurs catégories : les pays pionniers tels que le Maroc, la Tunisie et l'Egypte et les nouveaux venus, tels que la Jordanie, la Syrie, les Emirats du Golfe, le Yemen et l'Algérie. La plupart des pays arabes basent leur tourisme sur la richesse culturelle mais il s'agit surtout d'une exploitation classique qui réserve une grande place à de rapides visites de musées, des sites archéologiques et des quartiers anciens des villes historiques. L'inconvénient de cette formule est la faible durée des séjours et le risque de saturation. Il faut faire preuve d'imagination pour développer des produits nouveaux en tenant compte de l'évolution des comportements dans les pays émetteurs et les attentes des touristes. Le plan de développement du secteur s'articule autour de trois axes : l'augmentation de la capacité d'accueil du point de vue quantitatif et qualificatif, le renouvellement des méthodes de promotion et l'amélioration de la qualité de service. Les recettes du tourisme en Egypte ont atteint 7,6 milliards de dollars en 2006 et le nombre de touristes est estimé à 9,1 millions. Alors que les recettes du tourisme au Moyen-Orient ont atteint 148 milliards de dollars. Bien que se situant à un niveau faible, les recettes touristiques en Algérie (200 millions de dollars) représentent une proportion de près de 20% du total des exportations hors hydrocarbures (1 milliard de dollars), ceci renseigne quant au potentiel du secteur touristique et la place qu'il peut prendre dans l'économie nationale. Le Maroc et la Tunisie tablent chacun sur un flux de 10 millions de touristes à l'horizon 2010, l'Algérie devrait se préparer à conquérir sa part du marché et bénéficier, à l'horizon 2015, d'un flux moyen de 4 millions d'arrivées internationales. Pôle de stabilité dans un Maghreb souvent turbulent, la Tunisie a su profiter de la décennie noire traversée par l'Algérie pour courtiser et attirer les Algériens. Dubaï est la destination tendance des investisseurs qui viennent à la recherche d'une place au soleil. Le tourisme interarabe reste pour le moment plus proche du souhait que de la réalité. Il rencontre plusieurs écueils sur son chemin : obligation d'un visa, hausse des prix des billets d'avion qui a résulté de la hausse des prix internationaux du pétrole et faible pouvoir d'achat. La IXe session du Conseil ministériel arabe pour le tourisme a étudié un certain nombre de propositions dont un « visa Schengen arabe », tourisme électronique et facilitation des transports aérien et maritime entre les pays arabes. Mais force est de constater que chaque pays joue en solo. La collaboration entre pays arabes reste au stade des vœux pieux ou de slogans récités comme une litanie.