De cette manière, comme un pays appartenant au mauvais Tiers-Monde, l'infection mondiale ignore superbement les pays du Sud dont l'Algérie. Les Arabes et les Africains en premier ne sont pas réputés pour passer leurs vacances à Cancun. La grippe porcine ne va pas toucher l'Algérie. Cette conviction n'est pas du fait d'une expertise médicale ou scientifique. Elle réside dans l'imaginaire collectif des Algériens, allergiques à la… mondialisation. Rien ne peut nous affecter. L'Algérie a toujours eu cette propension à se penser en dehors du monde. La crise financière, pensez-vous donc, ses effets seront visibles en 2011, paraît-il. Mais la vérité est que le système financier algérien a été immunisé par sa propre incompétence et son refus d'intégrer le système de la finance mondiale. Un mal pour un bien. Un accident économique qui a fait passer nos financiers pour des génies de la prospective monétaire. Et la grippe porcine. Déjà, pour les musulmans, le problème est à moitié réglé car personne ne possède comme animal domestique un porc ou un cochon de lait. L'autre partie du problème réside dans les déplacements des personnes. Et là aussi, le hasard géographique de l'apparition du virus fait que c'est le Mexique qui en est l'épicentre. Et sur ce point, pas trop la peine de disserter, car le Mexique, c'est tellement loin ! De cette manière, comme un pays appartenant au mauvais Tiers-Monde, l'infection mondiale ignore superbement les pays du Sud dont l'Algérie. Les Arabes et les Africains en premier ne sont pas réputés pour passer leurs vacances à Cancun. Le paradoxe est que cette pandémie est calquée sur les schémas des flux humains et économiques, dont le tourisme, et de ce fait, ne pas faire partie de la globalisation, en tant qu'Etat ou peuple, et est dans les cas extrêmes une bénédiction plus qu'une sanction. Il faut dire que, malgré l'obstination du sympathique ambassadeur du Mexique à Alger, qui invite chaque année une troupe de Mariachi, dans le cadre des échanges culturels, notre communauté de destin avec le Mexique est quasi nulle du fait de notre isolationnisme économique. Certes, on peut trouver des points communs avec ce géant d'Amérique centrale, comme ces harragas mexicains qui rêvent du Nord américain, comme les nôtres de l'Europe du Sud. On peut aussi évoquer une vie politique marquée par les scandales et les tumultes de la corruption qui, dans le cas algérien, sont des comparaisons plutôt néfastes. Mais le tout est que cette pandémie nous renseigne à quel point l'Algérie et ses dirigeants se conçoivent en dedans de nos frontières sans projection sur l'extérieur. On a cette impression étrange que la grippe porcine ne concerne que les autres et qu'il ne faut pas anticiper des menaces sanitaires qui sont planétaires ! M. B.