Gîte n De retour vers minuit passé, khalti Fatma nous conduit directement vers l'immense tente décorée de tapis et de petits coussins jetés çà et là. On fait connaissance de la mère de khalti Fatma ,une vieille âgée de près de 80 ans, handicapée alitée depuis plusieurs années. «Elle est souffrante et on doit s'occuper d'elle sans relâche», nous dit sa fille aînée khalti Talia qu'on aperçoit à peine à la lumière d'une petite bougie. 2h, 3h, 6h du matin et les filles n'ont pas fermé l'œil car la maman ne pouvant parler, ne cessait de gémir. Elles n'ont exprimé aucune fatigue. Elles étaient là toute la nuit en train de lui donner de l'eau et du pain trempé dans du lait. A 6h 15, les femmes se lèvent, font la prière de fedjr et se reposent un instant pour se diriger ensuite, avec de grands jerricans à la main, vers les citernes situées à environ 200 mètres pour rapporter de l'eau. La maîtresse de maison s'attelle ensuite à la préparation du thé. A partir de 7h 30, elle se rend au magasin le plus proche pour acheter du pain. A partir de 9h, une dizaine de femmes dont khalti Fatma, un seau d'eau rempli à moitié de restes de repas, se dirige vers la sortie du «hay 2» où elle habite. Elles s'arrêtent devant une grande écurie pour chèvres et chameaux. Certaines traient les chèvres. De loin, nous entendons des voix d'hommes provenant de haut-parleurs «c'est l'administration qui est toujours en contact avec la population pour diffuser une information ou pour convoquer quelqu'un», nous a rassurés une jeune dame, récemment mariée. On se dirige avec khalti Fatma au «marsa» pour faire son marché. «Les fruits et légumes sont chers ici», s'est-elle désolée. Elle achète des pommes de terre, des carottes et des radis pour le déjeuner. De retour à la tente, une femme qui venait de rentrer de «marsa», nous interpelle. C'est Naïma, une éducatrice âgée de 38 ans. Elle demande d'abord en hassani «Nasraniya ? (étrangère)». Elle tient absolument à nous inviter chez elle – dans sa kheïma – après avoir appris que venions d'Algérie. Nous la suivons. Elle habite au «hay 4» à Djedeyria, l'une des daïras de Smara. Naïma nous apprend qu'elle accomplit les mêmes tâches que toute femme sahraouie qu'elle ait une profession ou pas. «Les femmes âgées de plus de 40 ans notamment celles qui ont perdu leur mari à la guerre, se sont retrouvées seules avec leurs enfants, sans travail et sans instruction. Les jeunes filles en revanche, ont la possibilité d'étudier et même de poursuivre leurs études à l'étranger et de faire des formations de haut niveau», a enchaîné khalti Fatma qui nous introduit dans la kheïma. Sa sœur Talia commence déjà la préparation du repas : un succulent couscous de blé arrosé de bouillon aux légumes et à la viande de chèvre est servi aux invités d'abord, puis aux hommes de la maison et leurs amis et enfin aux femmes qui le dégustent avec les doigts sans cuillère.