Itinéraire n Il y a cinquante ans est née la fabuleuse équipe du Front de libération nationale (FLN), un certain 12 avril 1958. En fait, c'était une légende qui se mettait en branle pour changer le cours de l'histoire à travers une épopée écrite par de valeureux footballeurs. Le football algérien est en fête. Non pas parce qu'il s'apprête à aller au prochain Mondial ou que ses clubs ont décroché des titres continentaux, mais parce que la glorieuse équipe du Front de libération nationale (FLN) fête ses cinquante ans depuis sa création, le 12 avril 1958. Ce jour-là, on ne sait pas si un Bouguèche ou un Hamidi connaissent ne serait-ce qu'un bout de cette histoire, trente-deux de nos vaillants footballeurs avaient rallié la cause nationale à Tunis, dont la plupart avaient laissé gloire et confort matériel. Comme si aujourd'hui, toutes proportions gardées, Ziani, Belhadj, Saïfi et autres Hemdani laissaient tomber leurs clubs respectifs et leurs acquis pour répondre à l'appel du devoir national. Parmi ces trente-deux hommes, certains nous ont déjà quittés, d'autres continuent à porter la flamme, malgré le poids des ans pour les uns, la maladie pour les autres. Mais à entendre les témoignages de ces rescapés d'une autre ère, la vraie maladie dont ils souffrent c'est celle de notre football d'aujourd'hui. Quelque part, ces footballeurs de légende qui ont écrit en lettres d'or une belle épopée révolutionnaire et accompli des travaux d'Hercule au lendemain de l'indépendance, se sentent un peu trahis par ce qui se passe de nos jours dans notre football. Qu'est-il advenu de ce sport-roi pour lequel ils ont sacrifié les plus belles années de leur vie. Il y a eu certes de très belles choses, que ce soit à travers l'Equipe nationale (les Jeux méditerranéens de 1975, les Jeux africains de 1978, les jeux Olympiques de 1980, les Coupes du monde de 1982 et 1986, la CAN 1990) ou à travers les clubs (le MCA en 1976, la JSK et ses six titres continentaux, l'ESS en 1988 et 2007 et d'autres clubs encore), fruits de grands sacrifices, mais qu'en est-il aujourd'hui de ce legs ? Depuis presque deux décennies, le football est en crise perpétuelle sans donner vraiment l'impression de voir le bout du tunnel dans lequel il s'est engouffré. Hier, le FLN a utilisé le sport le plus populaire pour valoriser la cause nationale, soit un coup de marketing que les plus spécialistes contemporains en la matière n'auraient jamais imaginé. Qui empêche aujourd'hui les pouvoirs publics, après l'avoir délaissé depuis près de vingt ans (loi sur le sport de 1989 et le désistement de l'Etat des clubs), de reprendre le football pour d'autres causes : la paix sociale, le développement économique, les consécrations sportives et c'est l'image de marque de tout un pays qui en prendra un joli coup. D'autres pays ont compris ce concept et l'intérêt qu'ils pouvaient tirer d'une image rutilante d'une nation qui gagne. C'est en tout cas le plus beau des hommages à rendre à tous ces hommes qui ont bravé tous les dangers pour aller porter haut la voix d'un pays épris de liberté et de conquêtes sur tous les plans.