Répit Nadia savoure les quelques jours qu?elle passe chez elle. Elle se repose et essaye de ne pas penser au lendemain. Un matin, Nadia est réveillée par des douleurs insupportables. Elle se cramponne aux couvertures, serrant les dents pour ne pas hurler sa douleur. Terrifiée à l?idée d?être entendue par son père et ses frères,sa mère lui monte de temps à autre un bouillon ou une chorba chaude. ? Tiens ! ma pauvre fille, lui dit-elle en lui tendant un bol, ça va te donner des forces pour supporter ton calvaire? Allah iostorna ! ? Merci murmure Nadia qui se relève difficilement sur son matelas. ? C?est bientôt le moment, ma pauvre, comment vas-tu faire ? Et elle croise les mains sur la poitrine en serrant très fort les lèvres. ? Maintenant, il faut que tu partes d?ici sinon, nous allons payer toutes les deux de notre vie. Je vais te donner l?adresse d?un médecin que la voisine m?a donnée. Il ne faut pas que tu accouches, ici, à l?hôpital, cela se saurait tout de suite. Et elle lui tend un bout de papier où elle a griffonné l?adresse du gynécologue. ? C?est un homme âgé, très bon, je suis sûre qu?il va t?aider ... Elle remet à sa mère quelques billets de banque qu?elle a économisé à cet effet et la serre très fort dans ses bras, en pleurant. ? Que Dieu t?aide ma fille, sois courageuse, c?est la dernière épreuve... En laissant l?enfant à l?hôpital et dès que tu seras rétablie, reviens à la maison. Tu paies très cher ta faute, mais c?est bientôt fini. Je trouverai une explication à ton absence. Nadia prend son courage à deux mains, se prépare et sort, profitant de l?absence de son père et de son frère. C?est à ce moment précis que les premières contractions la saisissent. Clouée sur place, elle s?arrête et reprend son chemin lentement vers la gare. «Vite, vite !» songe-t-elle? Il vaut mieux prendre le train, tu seras plus à l?aise lui avait conseillé sa mère. Elle prend place au fond d?un compartiment de troisième classe, serrant fortement son sac sur sa poitrine chaque fois que les douleurs la reprennent. Deux jeunes gens occupent le banc en face d?elle riant, blaguant, en se donnant de grandes tapes sur les cuisses et toute cette gaieté rend encore plus insupportable la souffrance de la jeune fille, qui ressent comme un déchirement dans ses entrailles. Elle s?accroche de toutes ses forces à une seule idée : «Il faut absolument que j?arrive chez le médecin seul lui saura quoi faire, je serai sauvée. Elle essaye quand les douleurs cessent un petit moment, de penser à autre chose, regardant le paysage défiler sous ses yeux. Le printemps éclate dans les champs et les bois et comme dans un rêve, Nadia retourne au petit jardin familial. L?oranger doit bientôt fleurir et ma va recueillir les pétales pour faire «ezzhar»? C?est Moundjia qui va l?aider... Et ses douleurs reprennent de plus bel, de plus en plus rapprochées. Les secousses du train ajoutent à son inconfort. Elle se lève, saisit à deux mains le bord de la vitre, et s?immobilise, les dents serrées. Heureusement, les jeunes gens ont quitté le train, et elle peut hurler sa douleur sans témoins.( à suivre...)