Résumé de la 10e partie n Après une cure de désintoxication, Shipman est condamné à 600 livres pour avoir demandé de fausses ordonnances à la pharmacie de l'hôpital. Malgré cela, il arrive à retrouver du travail. Le nombre de décès déclaré par le docteur Harold Shipman ne cesse de s'allonger. Certes, on meurt souvent dans les hôpitaux, mais le service du docteur Shipman enregistre des records. Il est vrai que ses malades sont parmi les plus atteints – beaucoup souffrent de cancer – mais le rythme des décès est effrayant. A chaque décès, le médecin délivre une note, ainsi que l'exige la loi, le jour, l'heure et la cause. Bien qu'habitué, le médecin prend des airs affectés à chaque décès. Il est également là pour réconforter les familles. — Je comprends votre douleur… Moi-même je suis passé par là… Ma mère est morte d'un cancer du poumon… Souvent, il conseille aux familles de procéder à la crémation des défuntes. — C'était leur volonté… Et il va jusqu'à les accompagner au crématorium, constatant ainsi, de visu, que la morte est bien partie «en fumée !» En 1993, après plus de vingt ans de service dans le secteur public, Shipman fonde sa propre clinique à Market Street, dans le Manchester. C'est une modeste clinique, mais le médecin compte bien conquérir une fidèle clientèle. D'ailleurs, pour soigner les patientes âgées (toujours cette prédilection pour les femmes !), il n'hésite pas à se déplacer à domicile. Il se rappelle bien le médecin qui a assisté sa mère dans ses derniers instants, et il veut, à son tour, se montrer serviable. Aujourd'hui, justement, il rend visite à Maria West, une vieille femme de 81 ans. On lui a vanté le médecin et elle voudrait le connaître. — Je souffre de rhumatismes mais je ne pense pas avoir de maladie particulière ! Le médecin l'ausculte. — Vous êtes plus malade que vous ne le pensez… Il prescrit des médicaments et promet de revenir. A la seconde visite, la vieille femme se sent mal. — Vous souffrez ? — Oui, dit-elle — Ne vous inquiétez pas, j'ai de quoi vous soulager. Il tire une seringue. — Vous ne sentirez rien… — J'ai peur de la douleur ! — Je vous promets que vous ne souffrirez ! Il lui fait l'injection, en la regardant dans les yeux. — Maintenant, vous pouvez dormir ! Maria West va, en effet dormir, mais du sommeil du juste. Le lendemain, ses voisins s'étonnent qu'elle ne se manifeste pas. On frappe à sa porte et comme elle n'ouvre pas, on la force. Elle est étendue dans son lit, inanimée. On appelle aussitôt son médecin traitant, le docteur Harold Shipman. Selon lui, la mort est due à un accident vasculaire cérébral. Il délivre le permis d'inhumer. (à suivre...)