Approche n Censées être le vivier de l'éducation, l'école et l'université algériennes sont souvent le réceptacle indirect de paramètres sociologiques qui influent directement sur ces institutions. Sur elles, pourtant, devrait se focaliser la transmission ordonnée et rationnelle du savoir. On oublie à tort ou à raison que c'est ce même savoir qui forme et modèle à souhait les générations d'adultes de demain. On observe, aujourd'hui, que l'élève algérien reçoit des connaissances tous azimuts et de façon plus ou moins passive. D'où peut provenir cette passivité, voire ce laxisme dans l'enseignement ? Est-ce parce que ce même élève, pour intégrer à sa personnalité toutes ces données utiles à son intelligence, doit composer avec un contexte social précis, un environnement social qui façonne en parallèle une éducation informelle ? Celle qu'il reçoit en l'occurrence en dehors du cadre institutionnel. Il est à remarquer que le bagage social, les traditions culturelles et religieuses d'une société, comme l'Algérie, où prédomine l'élément familial, influent considérablement sur les dispositions mentales et morales de l'enfant. Dans cette perspective, l'école a la lourde responsabilité d'orienter l'éducation dans le bon sens. Elle doit créer, chez le jeune, les conditions propices à son épanouissement sans contrainte aucune, en lui offrant un enseignement adapté aux exigences multiples du contexte dans lequel il évolue. En lui ouvrant les horizons d'une instruction vivante et non figée, elle suscitera, à coup sûr, chez l'élève une interaction. Dans cette optique, on citera l'ouvrage de l'Américain John Dewey qui écrivait dès le XIXe siècle : «L'école choisit les caractéristiques qui sont suffisamment fondamentales et susceptibles de provoquer chez les jeunes une réaction. Puis, elle établit un ordre progressif en utilisant les facteurs qui ont été acquis les premiers.» Le rôle de l'école est donc d'influencer l'élève en lui donnant une impulsion créative, saine et équilibrée et en orientant positivement ses attitudes comportementales. L'éducation est, de ce fait, un vaste processus, capital dans une société, car écrit ce même théoricien : «l'école a pour fonction de coordonner les dispositions de chaque individu, les diverses influences de multiples environnements sociaux avec lesquels il est en contact.» En Algérie, certaines restrictions sociales sont telles qu'elles masquent la portée pédagogique réelle de l'enseignement dans une sorte d'entrelacs de présupposés religieux, idéologiques ou économiques. Les générations d'étudiants formés à des disciplines, donnent l'impression d'emmagasiner des savoirs de façon provisoire sans en faire l'expérience in situ. En outre l'absence de stimulation de la part d'enseignants à susciter l'engouement des étudiants est à l'origine de la crise actuelle de l'enseignement. On parle de-ci de-là d'école sinistrée en occultant les raisons souvent psychologiques du malaise. Un regret lucide sur les racines d'un mal chronique s'appuyant sur la recherche scientifique est nécessaire pour voir plus clair dans la pédagogie actuelle.