Pollution exponentielle, réchauffement climatique fragilisant la faune et la flore, salinité accrue : la Méditerranée nécessite un traitement en profondeur, qui pourrait bénéficier d'une impulsion nouvelle lors du sommet de l'Union pour la Méditerranée (UPM). «Les mers sont en passe de connaître une rupture d'équilibre», estime le directeur du centre d'études de la mer de l'Institut catholique de Paris et membre de l'Académie de marine. «La Méditerranée est d'autant plus fragile que la pollution y a un effet décuplé sur la faune et la flore marine à cause du réchauffement climatique», ajoute-t-il. Mer semi-fermée où transite 28% du transport mondial d'hydrocarbures, la Méditerranée est vulnérable. La convention Marpol, en vigueur depuis 1983, y interdit les rejets des citernes de cargaison des navires pétroliers mais tolère en les limitant strictement les rejets résultant du fonctionnement du navire. Les experts évaluent à 80 000 tonnes d'hydrocarbures par an les rejets des navires en Méditerranée. Près de 200 pollutions dues à des rejets de substances nocives ou d'hydrocarbures sont enregistrées chaque année en Méditerranée au large des côtes françaises, selon le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage en Méditerranée. Marées noires et déballastages ne sont cependant qu'une petite partie du problème: 80% de la pollution vient de la terre, souligne la Banque européenne d'investissement. «La menace majeure c'est l'insuffisance des stations d'épuration», souligne le directeur du centre d'études de la mer de l'Institut catholique de Paris. Déjà fragilisées par la pollution, la faune et la flore doivent y faire face à l'arrivée d'espèces invasives dopées par le réchauffement.