Vulnérabilité Il n?existe aucune loi protégeant les femmes battues. «Mis à part l?application stricte de la loi quand les faits avérés relèvent des dispositions du Code pénal, à savoir l?article 264 pour coups et blessures et l?article 265 pour coups et blessures à l?arme blanche, il n?y a aucune disposition spécifique pour sanctionner les violences conjugales», déclare un magistrat qui ajoute : «Le code de la famille, conçu sur la charia, autorise le mari à battre sa femme ? mais avec modération ? dans certains cas, pour la ramener à la raison, quand les autres recours ont échoué.» «C?est la raison pour laquelle, conclut-il, nous ne pouvons sévir que pour les cas graves de femmes battues, en essayant toujours d?éviter le divorce.» «Mais je connais des cas où ce sont les femmes qui agressent leur mari». Et de citer l?exemple d?un homme battu, venu demander le renfort de la police pour rentrer chez lui. Pour Me Fatma-Zohra Z., avocate : «Il n?y a aucune loi protégeant les femmes des violences conjugales et cela est révoltant.» Elle dénonce le code de la famille «qui maintient la femme en dépendance vis-à-vis de son conjoint et de l?homme en général. C?est un véritable carcan qui emprisonne les femmes malgré leur évolution dans tous les domaines. C?est à elles de s?unir pour imposer des lois qui auront un effet répressif sur le conjoint ou le parent violent. Nous sommes très en retard dans ce domaine sur nos voisines tunisiennes, par exemple, où l?égalité des sexes est établie depuis des années.» Cependant, si dans la majorité des cas, les femmes battues en sont encore à subir leur sort avec soumission, on commence à noter, chez les femmes des jeunes générations, surtout si elles sont actives, un sentiment de révolte et certaines avouent «ne pas se laisser faire». Samia, 28 ans, mère de deux enfants, travaille dans une banque. Elle avoue : «La seule fois où mon mari m?a giflée, j?ai riposté et l?ai griffé au visage si fort qu?il n?a plus jamais osé porter la main sur moi.» Boutheïna, biologiste, vient d?obtenir son divorce à ses torts, après avoir fui le domicile conjugal, non sans avoir rossé son mari, pharmacien, qui la trompait avec une amie. «Après cela, bien sûr, la vie n?était plus possible avec lui.» «Je ne supporterais jamais que mon futur mari lève la main sur moi», dit Sihem, étudiante, vivement approuvée par ses amies. «Non seulement je me défendrais, mais je divorcerais aussitôt.» Faute de lois les protégeant des coups, les femmes vont-elles finir par se faire justice elles-mêmes ? En tout cas, l?adhésion de plus en plus fréquente du sexe faible aux clubs d?arts martiaux est une réalité qui va peut-être dans ce sens. Avis?