Situation n Depuis plus de trois ans, la majorité de la population de Bou-Ismaïl ne se baigne plus au front de mer à cause de la pollution industrielle. Contactés par des citoyens, nous nous sommes rendus sur les lieux, mardi, où nous avons constaté une situation catastrophique de saleté, de pollution et d'odeurs nauséabondes insupportables. Révoltés, vieux et jeunes nous ont exprimé leur profond dégoût de la situation de leur plage appréciée auparavant par les estivants qui venaient de plusieurs régions notamment d'Alger et Blida. «Je suis malade et j'ai un problème de respiration pour avoir inhalé ces odeurs que je ne peux supporter. Nos enfants fuient cette plage pour aller ailleurs», nous dit El-Hadj Mohamed âgé de 75 ans. Son voisin l'interrompt pour se révolter contre les milliards déboursés pour la construction des digues au niveau du front de mer qui regroupent, selon lui, les déchets de la zone industrielle. «Tout est rejeté à notre niveau. Les pièges à (digue) sont pleins de déchets dangereux pour la santé de nos enfants dont un grand nombre nage à moins de 50 mètres de la plage polluée. Je m'inquiète pour leur santé.» Omar, un jeune de 22 ans, s'est dit obligé de partir loin de sa ville pour se baigner. «Nous habitons pieds dans l'eau, mais nous sommes obligés d'aller vers d'autres plages hors de Bou-Ismaïl. Pis encore, le soir avec les odeurs nauséabondes nous ne pouvons plus nous promener sur le front de mer ou encore prendre des glaces.» Idem pour Mme Nadia du lieu dit «la paillote» qui crie : «Mon mari qui pratique la plongée sous-marine, ne trouve plus de poisson. Nous avons toujours les fenêtres fermées le soir à cause des odeurs qui s'accentuent notamment les week-ends.» Un autre voisin ne comprend pas le changement de couleur de l'eau de mer qui est multicolores à chaque fois, selon lui. Contacté, le président de l'APC de Bou-Ismaïl, Hamadi El-Ghobrini, se dit, lui aussi, révolté par les odeurs nauséabondes que la population peut sentir à quelque 800 m à vol d'oiseau. «Il y a lieu de soumettre ce problème à plus grande échelle et il faut l'implication de toutes les parties pas seulement la commune. Il faudrait d'abord cibler l'origine de cette pollution avec un rapport détaillé et clair non pas avec des mots techniques dans lesquels nous ne sommes pas spécialisés. Je considère que c'est un crime écologique», a-t-il souligné et d'ajouter : «La commune n'a pas les prérogatives d'autoriser ou d'arrêter ces activités industrielles. Mais normalement les autorités locales devraient être associées dans les décisions de la création de ce type d'activité. La santé de la population est en danger et je suis, en tant que responsable de la commune, responsable selon la loi 90/08 de la santé de la population.» Le P/APC a appelé à une large prise de conscience pour que chacun assume ses responsabilités et a appelé à ce que des visites de contrôle inopinées soient effectuées au niveau de la zone industrielle pour «dénicher» concrètement les responsables de cette pollution. «L'eau de mer est-elle polluée ou non ?», s'est-il interrogé. En outre, notre interlocuteur a également appelé à ce que la station d'épuration de Bou-Ismaïl soit réalisée en priorité. «Il y a lieu d'accélérer ce projet en priorité. Il doit passer avant les autres projets, car l'avenir de la commune et de ses enfants est en jeu.»