De plus en plus de détenus se suicident dans les prisons françaises, délabrées et surpeuplées. Depuis le début du mois d'octobre en cours, soit en l'espace de trois semaines, quatre suicides ont été enregistrés dans des prisons de l'est de la France, parmi lesquels ceux de deux jeunes âgés de 16 ans, qui se sont pendus dans leur cellule. Depuis le début de l'année, 90 suicides ont été dénombrés dans les 200 prisons françaises. Il y en avait eu 115 sur toute l'année 2004, 122 en 2005, 94 en 2006, 96 en 2007. La surpopulation carcérale a atteint au 1er octobre un taux rarement égalé : 63 185 détenus pour moins de 51 000 places. La France, régulièrement épinglée par le Conseil de l'Europe pour sa situation carcérale, a été condamnée la semaine dernière par la Cour européenne des droits de l'homme pour «traitements inhumains», pour avoir placé à l'isolement un détenu psychotique, retrouvé pendu dans sa cellule disciplinaire en 2000. Les principaux syndicats de surveillants de prison ont appelé au «blocage total» des prisons à partir du 13 novembre pour obtenir plus de moyens, dénonçant le «mépris» dont fait preuve à leur égard la ministre de la Justice Rachida Dati. Les psychiatres intervenant en milieu carcéral soulignent, eux aussi, que la détresse des détenus est accentuée par un système judiciaire insuffisamment à l'écoute. Le nombre de détenus qui «n'ont pas vu leur juge depuis huit mois» est affolant, juge un psychiatre.