Evocation n Il y a 66 ans, le 23 octobre 1942, dans le feu de la Seconde Guerre mondiale, une réunion clandestine entre Français et Américains avait lieu sur le sol algérien. Elle avait pour objectif de préparer et de régler les détails du fameux débarquement des alliés en Afrique du Nord, qui allait être le prélude à la libération de l'Europe de la domination nazie. Le conclave s'est déroulé le 23 octobre 1942 dans la région de Tipaza, plus exactement dans une petite localité rurale qui relève de la daïra de Gouraya : Messelmoun, à quelque 120 km à l'ouest d'Alger. «Ici commence la route de la libération de la France, de l'Europe et du monde du joug nazi.» Telle est la phrase inscrite sur cette plaque commémorative qui se trouve à l'entrée d'une ferme connue sous le nom de ferme Sidjess. Dégradée et altérée par le temps et par des actes d'individus inconscients de sa valeur historique, elle a été reproduite conformément à l'original, suite à des travaux de réhabilitation et de confortement de la stèle commémorative menée par les autorités locales de la wilaya de Tipaza. Ce petit écriteau immortalise, donc, la réunion clandestine du général Clarck, adjoint du général Eisenhower (alors commandant en chef des forces interalliées en Europe), avec des membres de la résistance en Afrique du Nord. «La réunion a été sanctionnée par des accords portant sur la préparation et le déroulement de la fameuse opération Torch (flambeau) préparant le débarquement des forces alliées en Afrique du Nord (Alger, Oran et Casablanca, au Maroc) qui a eu lieu le 8 novembre1942», indique le directeur de la culture de la wilaya de Tipaza, Hocine Ambisse. La tenue de la réunion a été vite portée aux oreilles des Allemands par un Français et l'on a tout fait à l'époque pour faire porter le chapeau à un «indigène». Le bouc émissaire tout désigné était un cuisinier de Gouraya, mais qui sera prochainement «lavé» de cette accusation, précise le directeur de la culture. Toute la symbolique historique dont il est chargé et le fait qu'il soit un témoin d'un pan important de l'histoire de la région, voire du pays, n'ont pas empêché le site d'être squatté par une centaine de famille juste après l'Indépendance, en 1962. Inutile de dire que sa transformation en habitations a engendré d'importants dégâts. C'est donc tout «naturellement» qu'il subira des dégradations importantes. Ce n'est qu'en 2006 que l'endroit a été récupéré à la faveur d'une salutaire opération de relogement des familles, décidée par les autorités. La ferme a, par la suite, précisément en 2007, fait l'objet d'une visite de travail de Khalida Toumi, ministre de la culture, qui avait alors donné des instructions pour que le site soit classé monument historique. Ce sera, d'ailleurs, l'un des points qui seront discutés lors de la prochaine réunion de la commission chargée de la classification nationale prévue au début du mois de novembre. De sources sûres nous apprenons que le site sera classé lors de cette réunion.