Agression n La Syrie condamne et dénonce le raid américain contre un village syrien frontalier et fait assumer aux forces américaines toutes les conséquences qui en découleront. Damas a convoqué les représentants américain et irakien pour protester contre ce raid, demandant à Bagdad d'interdire l'utilisation de son territoire pour lancer des agressions contre la Syrie. Mais aussi d'ouvrir immédiatement une enquête à la suite de cette dangereuse violation. Des soldats américains débarqués d'hélicoptères venant d'Irak ont attaqué, hier, dimanche, un bâtiment dans un village syrien frontalier faisant huit morts. A Washington, un porte-parole du Pentagone a indiqué qu'il n'y avait «pas de réponse officielle aux informations sur cette opération», qui serait la première du genre lancée par les Etats-Unis en territoire syrien. Et à Bagdad, l'armée américaine a dit «enquêter». Selon la télévision d'Etat syrienne, «quatre hélicoptères américains ont violé l'espace aérien syrien vers 16h45 locales (13h45 GMT). Ils ont pénétré à 8 km de profondeur en territoire syrien.» «Des soldats américains débarqués des hélicoptères ont pris d'assaut un immeuble civil en construction et tiré à l'intérieur du bâtiment, faisant huit morts dans le village d'Al-Soukkariya, dans la région d'Abou Kamal, à environ 550 km au nord-est de Damas, à proximité de la frontière irakienne», a, pour sa part, indiqué l'Agence Sana. Les huit morts sont un père et ses quatre enfants ainsi qu'un couple et un autre homme, ajoute la même source qui cite leurs noms. Une personne a été blessée. «Les appareils, venus d'Irak, ont ensuite quitté le territoire syrien en direction du territoire irakien», a-t-elle affirmé. Auparavant, la télévision privée syrienne al-Dunia avait fait état de la mort de 9 civils et de 14 blessés dans l'attaque. Le ministère de la Défense à Bagdad n'a pas souhaité commenter ces informations. Damas et Washington sont en froid, l'actuelle administration de George Bush accusant la Syrie d'être souvent la porte d'entrée pour les «terroristes étrangers» qui veulent combattre au côté du réseau extrémiste Al-Qaîda en Irak. Le 16 octobre, dernier, les autorités irakiennes ont annoncé l'arrestation de sept «terroristes» de nationalité syrienne dans la province de Diyala, au nord-est de Bagdad. Trois jours plus tôt, le nouvel ambassadeur de Syrie en Irak avait pris ses fonctions à Bagdad. Il s'agit du premier ambassadeur de Syrie à Bagdad depuis près de trois décennies, les deux pays ayant rompu leurs relations diplomatiques en 1980 avant de les renouer en 2006. Cette opération américaine annoncée par la Syrie survient alors que le régime du président Bachar al-Assad a commencé à sortir de son isolement diplomatique international.