Cérémonie n Le coup d'envoi de la rentrée nationale 2008-2009 en classes d'alphabétisation a été donné, mardi, simultanément, depuis la ville montagneuse de Aghbal (daïra de Gouraya) et de la wilaya de Chlef. Cette rentrée, qui enregistre 11 000 élèves dont 6 000 nouveaux inscrits, est réussie, selon le directeur du bureau de Tipasa de l'office national de la lutte contre l'analphabétisme et l'enseignement des adultes, Abdelaziz Benkhaddoudja, qui déclare, en outre, s'être fixé pour objectif d'atteindre les 10 000 nouveaux inscrits d'ici à la fin de l'année en cours. Un challenge difficile, mais que comptent bien relever les différentes structures en charge de la lutte contre l'analphabétisme dont des associations actives à l'image de El-Amel, Iqraa, Unja et les scouts musulmans. Il faut savoir que le taux de déperdition des scolarisés analphabètes a atteint les 20% environ, selon le directeur de l'office. «Nous comptons 7 300 scolarisés au 2e niveau et nous devons atteindre les 10 000 avec l'implication des collectivités locales et des imams pour lesquels nous organiserons des journées d'études afin de les sensibiliser sur cette tranche de la société et sur l'importance de la stratégie nationale qui entre dans sa 2e année de concrétisation sur le terrain et qui a réalisé de satisfaisants résultats», nous a-t-révélé. La commune de Aghbal a enregistré cette année, 12 nouvelles classes de 40 élèves dont une seule pour hommes, soit 450 nouveaux élèves sur l'objectif de 1 000 nouveaux inscrits à atteindre bientôt, selon les engagements des responsables. Raison pour laquelle, 12 jeunes diplômés ont signé leur contrat de travail en marge de l'ouverture des classes en présence des responsables de l'agence de l'emploi (Anem) et la direction de l'emploi de la wilaya pour le recrutement de nouveaux enseignants parmi les diplômés chômeurs de Aghbal. «ce sont des contrats dans le cadre du préemploi (CID-CIP)», nous a indiqué la chef du service de l'emploi. Ces jeunes pourraient être nommés définitivement à leur poste, selon le directeur de l'Anem, M. Djadi, dans le cadre d'une convention signée entre le ministère du travail et celui de l'Education nationale. «La wilaya de Tipasa bénéficie, aujourd'hui, de 186 nouveaux postes d'emploi uniquement pour le recrutement de cadres et d'enseignants pour analphabètes sur les 11 000 postes à travers le territoire national. Donc, le nombre important de cadres chômeurs notamment dans les spécialités sciences sociales, lettres arabes et philosophie, sera absorbé par l'office national de lutte contre l'analphabétisme», nous a-t-il révélé. Enfin, il tient de signaler que la rentrée des classes «braille» pour les analphabètes non voyants de Tipasa, se fera incessamment à Bourkika, Sidi Ghiles, Cherchell, Menaceur, Hadjout, Tipasa et à Bou-Ismaïl ou Koléa (selon la disponibilité des enseignants). Rappelons que la 1re classe braille a été lancée l'année dernière à Bourkika où avaient été ouvertes 2 classes dont une pour femmes, encadrées par des jeunes diplômés bénévoles dont une majorité de non-voyants, en collaboration avec l'union des non-voyants de Tipasa. «Je veux apprendre à lire pour mes enfants handicapés» Agée de 56 ans, khalti Fatima Benkherroubi du douar Beni Nadhor mariée à Aghbal, nous montre son livre fièrement : «Je voudrais apprendre à lire et à écrire pour mes enfants handicapés.» Femme courageuse et ayant un but bien défini, elle nous interpelle pour aller voir ses trois petits enfants cloîtrés dans une chambre en face de la télévision. Ils souffrent d'une maladie que nous ne sommes pas arrivés à déterminer car la maman ne possédait aucun document médical, hormis des ordonnances. Ce que nous avons constaté sur place, c'est que ces 3 enfants, Samira 18 ans, Mohamed 10 ans et Hamza 6 ans, ont une taille ne dépassant pas les 90 cm. «Ils sont nés très normaux et c'est la première année que les signes de cette maladie, dont je ne connais pas encore le nom, ont commencé à apparaître. Ils ont le thorax gonflé et les pieds déformés et ne peuvent plus se tenir debout», nous dit en pleurant leur maman. «C'est pour eux que je veux apprendre à lire et à écrire afin de comprendre ce que les médecins me disent sur mes enfants. A l'hôpital de Beni-Messous, où ils sont traités actuellement, il m'arrive souvent de ne rien comprendre alors je me tais car je ne sais pas parler. Je voudrais apprendre à lire les affiches et les plaques... et former les numéros de téléphone pour appeler l'hôpital», nous dit-elle encore. «Je voudrais avoir des amies et sortir de la maison. Je voudrais apprendre un métier et étudier car j'étouffe. Nous voudrions, mes deux frères et moi, intégrer un centre spécialisé», nous dit à voix basse la jeune Samira qui a quitté l'école très tôt (6e année primaire) à cause de la maladie et qui a eu le «privilège» de voir une salle de classe à la différence de ses frères Hamza et Mohamed. La maman demande que l'on aide ses enfants.