Révélation n L'homme ne semble pas plaisanter, en effet. Le policier hésite un moment, puis prend la décision de parler à son supérieur. En ce 1er décembre 1949, la nuit tombe très tôt à Londres. Il n'est que dix-huit heures, mais les rues sont désertes. il fait très froid et la pluie, annoncée par de gros nuages noirs, menace de tomber. Une silhouette qui sort du numéro 10 de la Rillington Palace et, d'un pas mal assuré, se dirige vers le poste de police, situé non loin de là. L'homme, qui tient à peine sur ses jambes, pousse d'une main tremblante la porte du poste. Le policier de service remarque tout de suite qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Un malade, à la recherche de secours, ou alors un malade mental. Les détraqués, dans ce Londres de l'après-guerre, sont très nombreux. — Monsieur… — C'est bien le poste de police ? demande l'homme. — Oui, vous êtes bien au poste de police ! — est-ce que je peux voir le commissaire ? — le commissaire est absent… Que voulez-vous ? — je viens de commettre un délit ! — un délit ? — oui… Un homme qui vient de commettre un délit et qui se livre de lui-même ? On aura tout vu ! A moins que l'homme ne soit un détraqué ! — dites-moi ce que vous avez fait ! — je viens de tuer ma femme ! — quoi ? — vous ne comprenez pas ? Je viens de tuer ma femme ! Le policier est interloqué. L'homme, qui a les yeux hagards et le visage mangé par une barbe de plusieurs jours, a-t-il toute sa raison ? — J'ai tué ma femme ! répète-t-il. — si c'est une plaisanterie… — je ne plaisante pas ! L'homme ne semble pas plaisanter, en effet. Il hésite un moment, puis prend la décision de parler à son supérieur. — attendez-moi, ici… Il entre dans un bureau, puis revient chercher l'homme. — venez… L'homme le suit. Un policier, assis à un bureau, l'invite à s'asseoir. — j'ai tué ma femme ! répète l'homme. — asseyez-vous ! L'homme s'exécute. — Qui êtes-vous, demande le policier ? — Je m'appelle Timothy Evans (à suivre...)