Réalité n Aussi curieux que cela puisse paraître, il n'existe aucun hôtel 5 étoiles à Paris. Et ce n'est pas une blague. Les plus luxueux palaces n'arborent sur leurs épaulettes qu'un grade de 3 étoiles. Depuis quelques semaines, les décideurs français, conscients de l'handicap, revoient leur copie sur le guide Michelin et proposent des étoiles supplémentaires aux hôtels qui n' en ont que trois et qui ont fait la preuve de leur bon goût. Pendant qu'en Île-de-France les pouvoirs publics mettent de l'ordre dans la constellation des gîtes et des couverts, à Dubaï, par contre, des émirs aux rêves démesurés ont construit des mégapalaces sous forme de palmiers géants à même la mer. Sur ce plan, les Arabes ont franchi plusieurs degrés dans le futur, ce futur qu'ils redoutent tant et où le pétrole ne coulera plus dans les pipes. Les Emirats du Golfe ont tout misé sur le tourisme, ils ont tout hypothéqué sur un secteur qu'ils avaient négligé et qui pourtant est pourvoyeur de devises lui aussi. Des dizaines de kilomètres cubes de béton ont été engloutis par la mer, des milliers d'heures de travail et le génie réuni de dizaines d'architectes et ingénieurs ont été nécessaires pour monter et donner le jour au plus chic des hôtels de la planète. 4 300 euros pour passer la nuit dans ces paradis inaccessibles aux bourses moyennes. Il y a mieux dans le service, le nec plus ultra : se faire déboucher une bouteille de champagne spécial maison et ce sont des bulles d'or 24 carats qui remontent à la surface absolument sans danger pour le consommateur et qui vous donnent le bourdon. Du jamais vu. Dans aucun hémisphère. D'office, ces super hôtels ont été classés 7 étoiles… Bref, le bâton de maréchal pour chaque établissement où il est bon et même recommandé pour les membres de la jet de se faire voir… Ne serait-ce que le temps d'un lunch. Le tourisme de masse apparemment est mort. C'est aujourd'hui, au tour du tourisme de luxe de relever la tête et le défi dans ces contrées où même le bédouin se prête avec grâce aux photos souvenirs des visiteurs. A l'autre bout du monde, une autre ville s‘ouvre curieusement à la fête et aux touristes. Je vous le donne en cents. Je vous le donne en mille. Vous ne le trouverez jamais. C'est Medellin, en Colombie. La ville internationale des narcotrafiquants, la plaque tournante de l'héroïne et de la cocaïne, le refuge mondial des dealers en tous genres. Depuis la mort de Pablo Escobar et la sécurisation de la ville, les citoyens se tournent de plus en plus vers un secteur tout aussi pourvoyeur en devises que les stups et moins dangereux. Medellin reçoit depuis quelques années des dizaines de milliers de touristes attirés par la réputation malsaine d'une ville dont la violence n'a d'égal que celle de Chicago pendant la prohibition. Des pèlerinages sur la tombe de Pablo Escobar sont même organisés par sa sœur pour les touristes en mal de sensations fortes. Après Dubaï et Medellin, des destinations que personne n'avait prévues, voilà que des voyagistes frappent encore plus fort. Un opérateur parisien vient de proposer à ses clients un séjour… à Bagdad, au beau milieu de la mêlée interconfessionnelle. Aux dernières nouvelles, il afficherait complet et personne ne s'est désisté. Un opérateur américain, en revanche, invite sa richissime clientèle à passer un séjour sur la lune pendant qu'un agent foncier de l'autre côté de la ville lui propose le plus sérieusement du monde l'achat d'un lopin… de lune. L'incroyable dans cette histoire est que des gogos cousus d'or ont gobé le boniment et ont payé rubis sur l'ongle les plans cadastreux de leur future villa.