Point de vue n Taleb Bendiab se définit comme un artiste engagé, dans le sens où il prend sur lui de veiller sur l'héritage musical. «Notre patrimoine est vaste et riche. On n'en a exploité qu'une infime partie. Il reste beaucoup d'éléments à déterrer et à découvrir. Ecrire d'autres textes ou composer de nouvelles mélodies n'est pas nécessaire pour le moment», a déclaré Taleb Bendiab, lors d'une conférence de presse animée, hier, au complexe culturel Laâdi-Flici (théâtre de verdure). Et de poursuivre : «L'urgence est de se consacrer à la préservation du patrimoine par la recherche.» Car, «ce qui est repris, aujourd'hui, par les interprètes de la musique et la chanson arabo-andalouse, ne constitue, en soi, qu'une infime parcelle de l'ensemble du patrimoine», a-t-il dit. Sans exclure l'innovation et la création, Taleb Bendiab a estimé qu'«il est difficile, aujourd'hui, d'écrire de nouveaux textes et de composer de nouvelles mélodies». Et d'expliquer : «Même si on écrit de nouveaux textes, ça ne sera pas pareil qu'autrefois, de la même verve et sensibilité que les anciens.» Taleb Bendiab a alors estimé qu'il n'y a pas d'auteurs ayant la même étoffe que ces poètes, auteurs de qçides. «Ces poètes sont passés par l'école coranique. Ils sont profondément et sensiblement versés dans la langue et la poésie arabes», a-t-il relevé. Plus tard, l'artiste, fortement chatouilleux sur l'authenticité du texte et du rythme interprétés, fait savoir qu'il est de ceux qui refusent de toucher au patrimoine musical andalou. «L'andalou est déjà tellement beau et parfait qu'il ne faut pas y toucher. Quand on reprend un texte, il faut le faire dans la pure tradition afin de garder son authenticité, son identité séculaire et son empreinte patrimoniale. Il faut qu'il ait de l'honnêteté et de l'humilité dans l'interprétation tout comme il faut être serein et attentif lorsqu'on chante.»Taleb Bendiab, qui regrette que certains artistes touchent à tort et à travers au legs musical jusqu'à l'altérer, voire le travestir, a appelé à honorer comme il se doit et à sa juste valeur le patrimoine arabo-andalou. Se définissant comme un artiste engagé, dans le sens où il œuvre de manière à veiller sur la sauvegarde du patrimoine, Taleb Bendiab a, en outre, déploré l'attitude de certains artistes, surtout les chouyoukh, ayant en leur possession des documents écrits, des enregistrements sonores et d'autres archives qu'ils refusent de mettre à la disposition d'autres artistes, notamment les jeunes. «On a tendance malheureusement à garder tout pour soi. Cela n'aide en aucune manière à la sauvegarde de notre patrimoine, parce que la transmission n'est pas assurée et, en conséquence, il ne peut y avoir de continuité.» Il est à noter que Taleb Bendiab, interprète de la chanson hawzi, donnera un concert, ce jeudi, à l'auditorium du complexe culturel Laâdi-Flici (théâtre de verdure), et ce, à partir de 20h 30. l Taleb Bendiab, né en 1968 à Tlemcen, est un mordu de musique et de chanson arabo-andalouses. Très jeune il se passionne pour le patrimoine andalou. Il y développe une ouïe raffinée. C'est en 1982 qu'il rejoint l'académie sous la direction de Nouri Koufi. Plus tard, entre 1983 et 1992, il entre en contact avec différentes associations de Tlemcen, telles que Gharnata, Slam, Tlemcen Etal et bien d'autres encore. Il a tissé des relations multiples avec des noms de la musique arabo-andalouse comme Bengherib Toufik ou encore Nouri Koufi. De 1992 à 2002, Taleb Bendiab est resté silencieux, comprendre par là, un recul nécessaire à un artiste s'évertuant à parfaire son art et à raffiner son ouïe. Plus tard, en 2002, il intègre l'association Ahbab Rachid-Baba-Ahmed où il est resté pendant une année. De 2003 à ce jour, il possède son propre orchestre. Taleb Bendiab, qui se passionne pour le genre hawzi puise dans le répertoire de Abdelkrim Dali qui est pour lui une référence. Sa persévérance a abouti à l'enregistrement d'un premier album, prélude, selon les professionnels, à une carrière prometteuse. Taleb Bendiab a, à son actif ,seulement un seul album. Sur ce, l'artiste dira : «Il faut avoir un répertoire pour faire un album.» Et de renchérir : «En faire un et le mettre sur le marché est une responsabilité qu'il faut assumer, car il est de notre devoir, en tant qu'artiste, de satisfaire l'attente de notre public.» Il est à souligner que Taleb Bendiab envisage l'enregistrement de coffret pour chaque poète de hawzi. «C'est à nous, jeunes artistes, de veiller sur notre héritage musical et de l'entretenir afin de le pérenniser», a-t-il conclu.