Stupidité n Après MCA-USMH, ce derby algérois tellement diabolisé qui a finalement eu lieu à huis clos, voilà que l'autre derby, celui des Hauts-Plateaux devant opposer, hier, au stade du 8-Mai-1945, l'ESS au CABBA, a capoté. Le 20e rendez-vous entre les deux voisins qui devait être une fête à l'occasion de la célébration du Mawlid Ennabaoui Echarif a tourné au flop, au grand désespoir des milliers de supporters (dont 3 000 Bordjis) qui ont pris très tôt d'assaut les travées du stade de la ville de Aïn El-Fouara. L'équipe du CABBA a refusé de pénétrer sur le terrain et a refusé de jouer cette rencontre arguant l'absence de sécurité suffisante pour son équipe. Le président Salah Bouda a été catégorique : «Nous ne pouvions pas prendre part à un match dans des conditions aussi électriques, d'autant que mes joueurs ont été tabassés dès leur entrée au stade et plusieurs portent les stigmates d'un tel déferlement de violence. D'ailleurs, nous déposerons plainte à Bordj Bou-Arréridj, vu qu'à Sétif il était impossible de le faire.» Selon des témoignages de dirigeants du Ahly, une centaine de personnes attendaient l'équipe à l'entrée des vestiaires, ce qui a provoqué plusieurs échauffourées qui ont entraîné des blessures (comme Ali Houari), voire à l'arme blanche, dit-on. Côté sétifien, on réfute cette version puisque un dispositif impressionnant a été mis en place depuis Bordj jusqu'à Sétif et autour du stade du 8-Mai-1945 où 200 policiers ont été mobilisés pour entourer l'arrivée de l'équipe et des supporters de Bordj Bou-Arréridj. Le président Serrar se dit déçu par la tournure des événements et accuse son homologue du CABBA d'avoir fait de graves déclarations sur les ondes de la radio locale d'El-Hidhab. Les dirigeants du Ahly disent de même du boss sétifien qui aurait été le premier à jeter de l'huile sur le feu. Il reste les officiels de la rencontre. Pour Mohamed Beghoura, commissaire du match, «tout était prêt et normal pour accueillir cette rencontre et aucun dirigeant du CABBA n'est venu protester. Ce qui est navrant, c'est que j'ai été agressé par un dirigeant de ce club». Pour sa part, l'arbitre du match, Mohamed Benouza, qui a donné le coup d'envoi et attendu le quart d'heure réglementaire avant de constater le forfait du CABBA, abonde dans le même sens : «Il y avait une ambiance des grands jours dans le stade, mais rien ne laissait présager que la rencontre se jouerait dans des conditions d'insécurité ou autre. D'ailleurs, on a attendu l'équipe du CABBA, mais cette dernière ne s'est pas présentée sur le terrain ni aux vestiaires.» Quant au président de l'Entente, il s'interroge : «Je ne vois pas comment 4 000 supporters de Bordj peuvent pénétrer dans le stade et pas une délégation de 25 personnes ? Je regrette de le dire, mais le président du CABBA a été très loin en affirmant des choses abominables contre la ville de Sétif.» Déjà que la rivalité sportive était à fleur de peau, voilà que la haine tissée et cultivée par des dirigeants irresponsables et hypocrites s'est installée entre les deux populations voisines. La preuve, hier dans la soirée, des voitures immatriculées 19 ont été attaquées du côté de Bordj Bou-Arréridj, c'est dire les dérives qu'engendre aujourd'hui le football, depuis qu'il est entre les mains d'une mafia qui n'a foi que dans le pouvoir et l'argent, au détriment du sport, du fair-play et de la jeunesse.