Attitude Un vent de réforme est en train de souffler sur l?Arabie, au grand dam des dignitaires religieux qui craignent la disparition du voile. Le grand mufti d'Arabie saoudite, cheikh Abdel Aziz Al-Cheikh, a vivement dénoncé l'attitude de femmes saoudiennes qui se sont montrées sans voile devant des hommes lors du forum économique de Djedda, a rapporté, hier, l'agence officielle SPA. «Nous avons suivi ces derniers jours ce qui s'est passé au forum économique de Djedda (...) et le mélange des hommes et des femmes qui sont sorties sans porter le voile (exigé par) la charia, ce qui est illicite», a déclaré cheikh Abdel Aziz Al-Cheikh, qui préside le Conseil des grands oulémas d'Arabie, la plus haute autorité religieuse dans le royaume. «En dénonçant cela vivement, je mets en garde contre les conséquences fâcheuses d'un tel comportement outrageant dans le pays des deux Lieux saints (La Mecque et Médine), l'Arabie saoudite dont les dirigeants appliquent la charia et continuent sur cette même voie», a ajouté cheikh Abdel Aziz Al-Cheikh. Le mufti a également dénoncé «la publication par les journaux de photos de ces femmes dans cet état contraire à la charia». Il a également déploré «la publication par certains journaux (de propos) selon lesquels la femme saoudienne commence à se libérer, comme si elle était ligotée par la charia». «Je recommande aux organisateurs de ce forum (...) de craindre le châtiment de Dieu (...) et demande à tous ceux qui ont commis l'erreur parmi les gens de la presse de se repentir, en l'exprimant dans les journaux, pour montrer le danger» d'un tel comportement, a ajouté le mufti. Le forum de Djedda, qui s'est achevé lundi, a été marqué par des appels de Saoudiennes aux autorités de Riyad à engager des réformes sociales et politiques sans lesquelles, ont-elles averti, le pays ne connaîtra pas de véritable progrès. Le 14 janvier, le prince héritier d'Arabie saoudite Abdallah Ben Abdel Aziz avait affirmé la détermination de son pays à poursuivre le processus progressif et modéré des réformes, conformément à la charia et loin de toute surenchère. «Le gouvernement poursuivra la voie de la réforme étudiée et progressive», avait déclaré le prince Abdallah dans un message télévisé aux citoyens, après la deuxième session d'un «dialogue national», organisée récemment à La Mecque sur le thème «Extrémisme et modération» entre une soixantaine de dignitaires religieux et d'intellectuels, dont une dizaine de femmes. «Le gouvernement ne permettra à personne d'entraver (le processus de) réforme, soit par l'appel à l'immobilisme et à la stagnation, soit par l'appel à l'aventure irréfléchie», avait averti le prince.