En Algérie, le ministère de la Santé et celui des Affaires religieuses se renvoient la balle. L'Arabie Saoudite vient de mettre fin à la polémique autour de la saison du pèlerinage. Le Royaume a invité les femmes enceintes, certains malades chroniques et les vieux à reporter le Hadj et la Omra cette année. L'appel a été fait hier, par le ministre de la Santé saoudien: «J'invite les femmes enceintes et les vieux, les personnes asthmatiques et ceux développant des allergies à ne pas faire le déplacement sur les Lieux Saints cette année à cause de la propagation du virus du AH1N1», a-t-il lancé lors d'une conférence de presse tenue à Riyadh. Abdellah Ben Aziz Al Rabia a tenu à rassurer le monde musulman qu'un plan est mis en place pour faire barrage à la propagation du virus durant le pèlerinage. avec la participation d'éminents experts étrangers dans le domaine. Mais voilà que les chiffres qui parviennent de ce pays ne sont guère rassurants. Six nouveaux cas du virus AH1N1 y ont été enregistrés hier. Ce qui amène le nombre global des personnes affectées à 81 cas. Cette semaine aussi, un troisième cas de grippe AH1N1 a été détecté en Tunisie sur une femme de 38 ans de retour d'un voyage en Arabie Saoudite où elle effectuait une mission professionnelle. En Bulgarie a été confirmé aussi un nouveau cas. Le malade est un ressortissant bulgare rentré lui aussi d'Arabie Saoudite par un vol via Istanbul. Enfin, en Egypte, l'une des personnes diagnostiquées porteuse du virus, est un Egyptien de 28 ans qui revenait d'Arabie Saoudite après avoir effectué la Omra. Le problème sera beaucoup plus sérieux, durant le Ramadhan, avec l'afflux des centaines de milliers de personnes qui viennent effectuer la Omra. Et il le sera encore davantage durant le grand pèlerinage avec des hommes et des femmes venus de tous les coins du monde. Sur le site du ministère du Haj saoudien, on rappelle l'obligation pour les pèlerins de certains pays d'être vaccinés contre la fièvre jaune, la méningite à méningocoques et la poliomyélite et une recommandation générale de prendre le vaccin saisonnier contre la grippe. Si ce dernier est utile, il n'est d'aucun secours pour la grippe porcine. L'OMS doute d'ailleurs que «les dépistages d'entrée et de sortie permettront de réduire la propagation de cette maladie». Cela a mis le monde musulman et principalement les muftis dans l'embarras. Faut-il annuler ou non la Omra? En Algérie, le ministère de la Santé et celui des Affaires religieuses se renvoient la balle. En Egypte, l'imam de la prestigieuse mosquée d'Al-Azhar, au Caire, a estimé jeudi qu'il n'était pas nécessaire «pour l'instant» de reporter ou d'annuler les pèlerinages à La Mecque en raison de la grippe porcine. Quant au mufti de la République en Egypte, Cheikh Ali Gomaa, il a appelé à un «ijtihad» entre toutes les institutions religieuses reconnues dans le monde islamique pour décider d'un éventuel report de l'accomplissement de la Omra et du pèlerinage cette année. Cette proposition a reçu l'appui du grand mufti de Dubaï, Cheikh Abdelaziz Haddad, qui a recommandé aux fidèles de «reporter les Omras de deux à trois semaines jusqu'à la stabilisation de la situation». Il a également recommandé un «éclaircissement des rangs» durant les prières collectives et de prier à l'air libre plutôt que dans des endroits fermés. Mais ces appels ont été largement rejetés par de nombreux dignitaires religieux qui estiment qu'aucune raison n'est valable pour retarder ou annuler l'accomplissement d'un des piliers de la religion. Le mufti d'Arabie Saoudite, Cheikh Abdelaziz Ben Abdallah Al-Cheikh, a critiqué les discours alarmistes sur la grippe porcine. «Pourquoi ceux qui appellent à reporter le Haj et la Omra ne demandent-ils pas également l'arrêt des voyages vers l'Europe?» Il a estimé que certains laboratoires pharmaceutiques pourraient être derrière le tapage organisé autour de la grippe porcine.