Profanation n Même le sacré n'échappe pas à l'arnaque. C'est encore plus grave quand elle touche, disgracie ou altère les saintes écritures des trois livres révélés. Et comme le sujet est extrêmement sensible, nous nous en tiendrons par impartialité aux événements qui ont marqué l'histoire et qui sont connus, archivés et répertoriés. C'est le cas, par exemple, de Moïse en compagnie des enfants d'Israël de la terre d'Egypte vers des cieux plus cléments. Alors que leur guide était au mont Sinaï depuis quarante jours pour ramener les Tables de la loi où étaient inscrits les dix commandements dictés par Dieu, des juifs n'ont rien trouvé de mieux pour occuper leur temps dans la plaine que de réaliser avec des bijoux fondus, un veau en or qu'ils commencèrent à adorer comme une divinité. La première arnaque culturelle date, donc, de 5 000 ans et nous la devons à quelques égarés dont les descendants tronqueront la véritable Thora en ajoutant au texte divin des commentaires personnels qu'ils attribueront au Créateur. L'eglise catholique aura, elle aussi, ses arnaqueurs. Au point qu'elle sera secouée dans ses fondements même par des schismes qui mettront son existence en danger. Les jésuites créeront leur propre courant doctoral et spirituel par réaction à cette église sclérosée, les calvinistes et les luthériens prendront leurs distances. Une femme, par exemple, à l'époque médiévale, a réussi à s'imposer dans la hiérarchie de l'église en se faisant passer pour un homme jusqu'à occuper le siège de pape. Des évêques, sous la pression de Rome, ont vendu, à la même époque, à leurs paroissiens, des licences pour leur épargner les feux de l'enfer. Ces documents étaient censés leur garantir une place au purgatoire. Grâce à un mécanisme génialement monté derrière un mobilier, un prêtre italien au XIXe siècle, pouvait faire couler le sang du Christ en faisant croire à ses visiteurs qu'ils assistaient, en fait, à un miracle. Le stratagème a été avorté par des officiers de l'empereur Napoléon lors de sa campagne d'Italie. Une autre arnaque – et pas la dernière – dont a été victime l'église : le saint sépulcre. Cette toile grossière était censée avoir enveloppé le corps de Jésus après son martyre. Il a fallu l'intervention d'une équipe scientifique américaine qui l'a analysé et passé au carbone 14 pour que l'on s'aperçoive enfin que ce morceau de tissu datait du XIIIe siècle et qu'il était donc un faux. Mettant à profit l'immense engouement des musulmans pour tout ce qui vient des Lieux-Saints de l'islam, des Chrétiens ont vendu dans la nouvelle-ville d'Oran des bouteilles d'eau du robinet en les faisant passer pour de l'eau de Zemzem. Comme dit le vieil adage, il y a à boire et à manger dans ce genre de combines.