Fin L?idylle entre Abdenasser Ouadah et l?équipe nationale n?a finalement duré que le temps d?une rencontre, celle face au Mali le 15 janvier dernier. Le pot s?était déjà fissuré ce jour-là. Ouadah, enfant de l?émigration, ayant déjà évolué chez les Bleuets (les -17 ans français) pensait que l?équipe nationale était une dulcinée prête à tous ses désirs lorsque la FAF a couru dans tous les sens pour prendre en charge son cas auprès de l?auguste FIFA. Il était, avec Beloufa et Yahia, le premier joueur à avoir bénéficié de l?article 15 d?application des nouveaux statuts de l?instance internationale du football pour endosser le maillot algérien. Tout se présentait bien pour lui et pour ses nouveaux coéquipiers de la sélection. Lors du match retour des préliminaires de la Coupe du monde 2006 face au Niger, à Alger, Ouadah avait fait sa première apparition au stade du 5-Juillet parmi les Verts après avoir pris part auparavant au stage de Bretagne en septembre. Ce soir-là, l?Ajaccien avait reçu une standing ovation de la part du public algérois ; ce même public qui, quelques semaines plus tard, lors du match de préparation face au Mali, avait affiché son hostilité aux hommes de Saâdane après leur défaite (2-0). Agacé par cette attitude, tout à fait «légitime» du mois des supporters algérois connus pour leur exigence vis-à-vis de leurs favoris, Ouadah aura, à la fin du match, des mots aigres-doux qui n?ont été appréciés ni par les supporters eux-mêmes, qui ne le visaient pas directement, vu qu?il avait convaincu son monde par sa prestation, ni par les responsables de la FAF, qui découvraient une autre facette de ce joueur. Certaines sources proches de l?équipe nationale avaient même indiqué, au lendemain de la sortie médiatique de Ouadah, que ce dernier avait songé à ne plus remettre les pieds en sélection. C?était en fait le premier acte de l?affaire. Vint ensuite le match face au Cameroun. En annonçant la liste des rentrants, Saâdane n?avait pas retenu le nom de Ouadah. Cette décision, somme toute logique, pour tout sélectionneur responsable de ses choix tactiques et stratégiques, n?a pas plu au joueur qui a manifesté son mécontentement en prenant place sur le banc de touche avec un walkman collé aux oreilles. Ce qui a irrité le staff technique, en plus de l?indifférence glaciale qu?il a affichée à la fin du match, au moment où tous les joueurs manifestaient leur joie. De retour au Miramar Golf Hôtel, lieu d?hébergement des Verts, Ouadah décide de plier bagage et de rentrer chez lui. Des discussions sont alors engagées entre le joueur et le staff technique de l?EN qui avaient semblé aboutir à une détente. Ouadah était revenu à de meilleurs sentiments, même si le président de la FAF, M. Raouraoua, avait signifié au staff que le joueur pouvait partir. Le lendemain, l?information a gagné du terrain et la plupart des journalistes algériens présents à Sousse étaient déjà au parfum de l?affaire Ouadah. Tout le monde pensait alors que l?incident était clos. Sauf qu?en fin d?après-midi, rebelote. Cette fois, Saâdane est expéditif en prenant la décision de renvoyer le joueur en question. Pas d?indiscipline et pas de titulaire à part entière au sein de l?équipe, même si on s?appelle Ouadah. Le message est clair et l?homme au catogan prend la direction de Tunis avant d?embarquer dans le premier vol pour la France. C?est la fin d?une idylle qui n?a finalement été que de courte durée. Dommage pour le joueur qui s?est grillé avec son club pour venir en sélection, mais également pour l?équipe nationale qui perd un élément talentueux qui aurait pu apporter beaucoup à ses jeunes coéquipiers. Dans toute cette histoire, Ouadah n?a-t-il pas été un peu incrédule en pensant qu?il avait une place indiscutable en sélection, comme c?est le cas d?un Dos Santos par exemple en équipe de Tunisie ? A-t-on promis ou fait croire au milieu d?Ajaccio qu?il était le «messie» attendu au point qu?il se prenne la tête ? Saura-t-on la vérité sur le rôle qu?aurait joué Belmadi dans l?éviction de Ouadah ? Sachant qu?il était son concurrent direct et qu?il risquait de le pousser vers le banc des remplaçants, voire dans son club qatari d?Al Itihad. Aurons-nous des détails sur les frictions qu?il a eues avec Charef après le match face au Mali au sujet du dosage du travail physique d?avant-match ? Tant d?interrogations qui restent en suspens. Toujours est-il que cette affaire n?a pas encore livré tous ses secrets. Rabah Saâdane a changé, d?ailleurs, son programme en décidant d?animer un point de presse (il y a quelques heures seulement) à l?hôtel Tej Marhaba, lieu de résidence des journalistes, pour revenir sur cet épisode. Dans une tentative de détendre l?atmosphère et de prouver aux supporters algériens que la maison des Verts n?a pas été ébranlée par cette histoire, le staff technique a décidé de donner quartier libre aux joueurs qui se sont baladés hier après-midi au centre-ville de Sousse. Ce fut l?occasion aussi de prendre un bain de foule avec les supporters et les admirateurs, mais également de sentir la pression qui monte au fur et à mesure que le match face à l?Egypte approche.