Mustapha Zitouni a non seulement réussi à supplanter celui qu'on appelait «L'empereur», le grand Robert Jonquet, l'arrière central du Stade de Reims et de l'équipe de France, mais il tapa dans l'œil de Di Stefano. Cela s'est déroulé lors d'un France - Espagne disputé en 1957 au Stade de Colombes où, ce jour-là, la star madrilène Alfredo Di Stefano s'est vu démystifiée par le talent et la classe de ce joueur au point que celui-ci l'accrocha en fin de partie pour le convaincre de venir jouer au Real. Selon les historiens et les compagnons de Mustapha Zitouni, Di Stefano ne quittera pas le terrain jusqu'à ce qu'il décrocha l'accord de principe du futur membre de l'équipe du FLN. Mais le destin de celui que la France tenait pour son Mondial en Suède en 1958 était tout autre puisqu'il quittera précipitamment l'Hexagone pour Tunis pour rejoindre l'équipe de la «Liberté». Du côté du Vieux-Rocher, on regrettera longtemps le départ de Zitouni au point de lui offrir un siège à vie dans la tribune d'honneur du stade Louis-II. A l'indépendance, Zitouni prendra part à quatre rencontres de la sélection nationale dont celle contre l'Allemagne (ex-RFA) du capitaine Schultz en 1964 à Alger (2 à 1). Enfin, pour illustrer la grandeur de ce grand footballeur, un de ses proches raconte : «Un jour, en accueillant Mustapha Zitouni dans son bureau, le président de la République de l'époque Ahmed Ben Bella proposa : Dis-moi ce que tu veux de ton pays et tu l'auras. Mustapha lui a gentiment répondu : J'ai tout ce qu'il faut. Il y a des gens qui sont dans le besoin et ce sont eux qui ont le plus besoin d'aide que moi Monsieur le Président.» Aujourd'hui, la donne a changé et Zitouni a besoin de son pays pour l'aider à surmonter son mal et surtout l'oubli qu'il n'a jamais supporté.