Même s'il est minime, un allègement des sanctions contre l'Iran est un signe de plus vers une «normalisation» des relations entre l'Occident, notamment les Etats-Unis, et l'Iran. Le président des Etats-Unis Barack Obama a affirmé jeudi que son pays ne concèderait qu'un assouplissement «très modeste» et réversible du régime de sanctions appliqué à l'Iran pour s'assurer de sa bonne foi dans les négociations nucléaires en cours. Les pourparlers, qui ont repris à Genève jeudi entre le groupe des 5+1, à savoir les Etats-Unis, la Russie, la Chine, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, et l'Iran «ne sont pas consacrés à la réduction des sanctions», a remarqué M. Obama dans un entretien à la télévision NBC. Il a évoqué, en échange d'engagements fermes et vérifiables de Téhéran sur son programme nucléaire, un «assouplissement très modeste» du régime de sanctions, mais expliqué que «la structure des sanctions resterait en place». «S'il s'avère que pendant les six mois où nous essaierons de résoudre les problèmes de fond ils ne respectent pas le marché (...) nous pourrons remettre la pression», a-t-il ajouté. M. Obama a aussi répété qu'il «ne retirerai aucune option de la table, dont l'option militaire, pour empêcher l'Iran d'obtenir une arme nucléaire». «Mais la meilleure façon de nous assurer que l'Iran ne se dote pas d'une arme atomique est d'avoir des moyens de vérifier, selon des termes auxquels ils auront consenti eux-mêmes, qu'ils démantèlent ce programme et que des organisations internationales puissent voir ce qu'ils font», a encore dit le président américain. L'Iran et le groupe des 5+1 se sont retrouvés jeudi, à Genève, pour négocier les termes d'un accord sur la question nucléaire, Téhéran estimant qu'une entente était «possible» dans la semaine. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'y est joint hier. M. Kerry se rendra en Suisse «dans un effort pour aider à réduire les différences dans les négociations», et à l'invitation de la diplomate en chef de l'Union européenne, Catherine Ashton, qui préside les discussions, a indiqué un responsable américain. Les discussions entre l'Iran et les Occidentaux, représentés, sur mandat de l'ONU, par l'Union européenne, ont débuté jeudi à Genève autour d'une proposition émanant de Téhéran, où le changement de ton sur le dossier est perceptible depuis l'élection en août du président Hassan Rohani. Selon cette proposition, non rendue publique, l'Iran accepterait de geler une partie de son programme controversé en échange de la levée de certaines sanctions qui pèsent lourdement sur son économie. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif est allé plus loin en jugeant qu'un accord était possible avant la clôture des discussions. «Je pense qu'il est possible de parvenir à s'entendre ou à un accord avant de clore les discussions demain soir», a-t-il dit jeudi soir sur CNN. Il a toutefois exclu de stopper l'enrichissement d'uranium «dans son ensemble». Les 19 000 centrifugeuses installées par l'Iran lui permettent divers niveaux d'enrichissement, notamment à 20%, étape qui peut permettre ensuite rapidement un enrichissement à 90%, nécessaire pour la fabrication d'une arme nucléaire. La perspective de la conclusion d'un tel accord a été très mal accueillie en Israël, où M. Kerry s'est à nouveau rendu hier pour y rencontrer le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. M. Netanyahu a qualifié par avance «d'erreur d'ampleur historique» toute adoption de la proposition iranienne, estimant qu'elle n'empêcherait en rien l'Iran de se doter de l'arme atomique. La Maison-Blanche a assuré jeudi que les Etats-Unis et Israël partageaient le même «objectif» dans ces négociations. «Il n'y a aucune divergence entre Israël et les Etats-Unis, entre le Président (Barack Obama) et le Premier ministre, sur l'objectif d'empêcher l'Iran de se doter d'une arme nucléaire», a déclaré le porte-parole de l'exécutif américain, Jay Carney. M. N./Agences